Si je vous dis simplement “porte-monnaie” et “Japon“, il est presque impossible que vous ne pensiez pas à l’anecdote que tout le monde raconte pour mettre en avant l’honnêteté des Japonais. C’est-à-dire celle du type qui a perdu son portefeuille et qui l’a retrouvé au kôban le plus proche. Il est vrai que c’est l’issue la plus courante au pays du soleil levant et c’est quand même plutôt plaisant. Mais ce n’est pas ce sujet que je voulais aborder avec vous aujourd’hui. On va plutôt s’intéresser à l’histoire du 財布 (saifu) et de son cordon (紐 himo) qui continue à être utilisé dans certaines expressions familières.
Petite histoire du saifu au Japon
Je ne vais pas ici remonter aux origines du porte-monnaie au Japon, mais plutôt partir de l’époque à partir de laquelle on a commencé à utiliser le terme 財布 (saifu). Selon le Nihon kokugo daijiten, la première trace écrite remonterait à 1675. Celui-ci est défini comme “sac en tissu contenant de l’argent et que l’on a avec soi”. Et si on décortique les kanjis, cela se tient : 財 (zai/sai) correspond aux biens/richesses (= argent), tandis que 布 (nuno/fu) fait référence à la principale matière du porte-monnaie à l’époque, à savoir le tissu.
Il existait bien sûr plusieurs types de portefeuilles durant l’époque d’Edo (1603-1868), mais celui qui était le plus courant était le 巾着 (kinchaku). Comme vous pouvez le constater sur la photo (qui apparaît en cliquant sur le lien précédent), il s’agit d’un sac en tissu qui se ferme à l’aide d’un cordon. Lorsque vous l’ouvrez, le cordon diminue en taille en principe comme dans cette vidéo. Retenez bien ce détail puisqu’il va nous être utile pour la suite.
Toujours est-il que les portemonnaies munis d’un cordon ne sont plus très courants aujourd’hui, mais des expressions usuelles en référence à lui ont perduré. On pourrait trouver plein d’exemples similaires en français avec des objets anciens. Mais trêve de bavardage, entrons plutôt dans le vif du sujet !
Les expressions usuelles autour de saifu no himo
On commence par mon expression préférée qui se paye en plus le luxe d’être peu usitée et donc peu comprise (ouf) : 財布の紐が長い (saifu no himo ga nagai). Littéralement, c’est donc “avoir le cordon de son porte-monnaie long”. Traduction : être un radin (qui refuse de dépenser son argent). Forcément, quand le porte-monnaie reste fermé, le cordon peut exprimer sa pleine longueur. J’adore ce côté détourné personnellement, même si on dira plus facilement 財布の紐が堅い (saifu no himo ga katai, lit. “avoir le cordon du porte-monnaie ferme/solidement serré).

Autrement, lorsque les temps sont durs et que vous souhaitez réduire les dépenses, vous pouvez dire 財布の紐を絞める (saifu no himo wo shimeru). Ici, le verbe shimeru signifie “serrer” et c’est le contraire de 緩める (yurumeru “desserrer”). Dans le même ordre d’idée, 財布の紐が緩い (saifu no himo ga yurui) signifie “être dépensier“. Quelques phrases d’exemples maintenant pour réviser tout ça :
- 旅行ではつい財布の紐がゆるんでしまう。 (ryokô de ha tsui saifu no himo ga yurunde shimau.) : “En voyage, on se retrouve à beaucoup dépenser sans s’en rendre compte.
- 給料日の前なので、今日は私は財布の紐が堅いです。(kyûryôbi no mae na node, kyô ha watashi ha saifu no himo ga katai desu) : “Comme nous sommes le jour avant la paye aujourd’hui, je me restreins niveau dépenses”.