Si vous m’aviez demandé il y a un an une traduction pour le mot japonais pasuta (パスタ), je vous aurais répondu “pâtes”. La conversation se serait brusquement arrêté et on serait passé à autre chose. Cependant, quand on s’intéresse à l’histoire de ce mot et de l’utilisation qui en est faite, on se rend compte que c’est beaucoup plus subtil que ça. Explications !
Petite histoire des pâtes au Japon et introduction du mot pasuta
Avant d’aborder notre mot du jour, il faut remettre les choses en contexte. La consommation de pâtes “occidentales” au Japon est plutôt récente puisqu’elle date de la fin du XIXème siècle. Le premier étranger qui en aurait fabriqué en terre nippone serait le missionnaire français Marc Marie De Rotz en 1883. Il faut attendre pas moins de 40 ans pour goûter aux premières pâtes “japonaises” avec entre autre des spaghettis. A l’époque, il existait déjà les mots supagettî (スパゲッティー) ou encore makaroni (マカロニ) pour les désigner.
La première apparition du terme pasuta (パスタ) remonte seulement à l’année 1965 (revue scientifique). Et c’est véritablement dans les années 1970 que le plat s’est diffusé à l’aide entre autre des family restaurant qui proposaient de plus en plus de menus italiens (pâtes, pizzas…). C’est d’ailleurs en 1973 que la chaîne typiquement italienne Saizeriya a vu le jour. On commence alors à désigner toutes les variétés de pâtes par pasuta. C’est facile à prononcer et ça sonne bien. Parfait !

Mais le mot s’est tellement vulgarisé qu’aujourd’hui, beaucoup de japonais sont incapables d’expliquer la différence entre pasuta et supagettî (devenu entre temps supagetti スパゲッティ). Une enquête a été réalisée à ce propos en 2009 et on a obtenu des réponses étonnantes. Par exemple “c’est une question de prix” ou encore “les spaghettis, c’est en guise d’en-cas”. Il semble donc que dans l’imaginaire collectif on ne fasse pas une distinction nette entre les deux termes comme en Europe. On dit d’ailleurs habituellement au Japon mîto sôsu pasuta (ミートソースパスタ) pour “spaghettis bolognaise”. 🙂
Sources : kotobank (dictionnaire et encyclopédie), bizmakoto (enquête)