Le japonais dans tous les sens

Orenji (オレンジ) : la couleur orange et les fruits

On avait vu avec le mot gurê (グレー) qu’en japonais, il n’est pas rare qu’une même couleur soit désignée par deux mots. C’est notamment vrai pour le bleu (ao) qui peu aussi se dire burû (ブルー) et le noir (kuro) qui devient burakku (ブラック). Souvent, on réserve les couleurs venant de l’étranger à un usage particulier, avec par exemple les objets manufacturés (vêtements, voitures…) ou tout simplement pour donner un côté “moderne”. Cependant, pour le cas de orenji (オレンジ) “orange”, on peine à trouver un équivalent en japonais. Comment l’expliquer ?

Origine de l’orenji au Japon et couleur associée

Orenji s’écrit toujours en katakana オレンジ puisqu’il vient de l’anglais orange. Si on remonte un peu en arrière, on peut voir que ce fruit est plutôt récent au Japon car son introduction date des années 1890. A l’époque, cela restait un produit de luxe comme c’était le cas en France. Il faudra attendre la fin des années 1970 pour que ce fruit devienne un produit de grande consommation avec une forte hausse de l’importation. On est ainsi passé de 20 000 à 110 000 tonnes entre 1974 et 1985 avec un pic de 190 000 tonnes en 1994.

Jusqu’alors, c’était surtout la mikan (sorte de clémentine) qui avait la côte au Japon. Aujourd’hui encore, on mange d’ailleurs davantage de mikan (4kg/an/personne en 2012) que d’ oranges (753 grammes/an/personne). Cette dernière est en effet davantage importée en jus (orenji jûsu オレンジジュース). Pourtant, dans le langage courant, on dit bien orenji iro (オレンジ色 “couleur orange”) et non mikan iro (みかん色) même si le terme existe.

Exemple de décoration de daidai à gauche et orange classique à droite.

Si vous demandez à un japonais une couleur équivalente à orenji, il vous répondra probablement daidai iro (橙色). Le daidai est une variété d’orange au goût amer que l’on utilise traditionnellement comme décoration lors du nouvel an. Il a entre autre pour particularité de se conserver longtemps avec un fruit qui peut rester sur l’arbre 2-3 ans. Bien qu’encore utilisé de nos jours, il est tout de même bien moins populaire qu’autrefois. Et surtout, on l’oublie le reste de l’année ! Dans toutes les émissions et livres pour enfants que j’ai pu regarder, je n’ai jamais vu mentionné cette couleur qui a totalement laissé la place à orenji. Il est possible cela dit que la couleur orange n’ait jamais été vraiment populaire au Japon et que l’Occident ait joué un rôle dans sa diffusion.

On peut également se poser ce genre de question : si jamais les marrons et les roses disparaissaient, utiliserions nous toujours les couleurs associées ?

Sources : blog.goo.ne (importation de l’orange), maff.go.jp (consommation orange/mikan), ja.wikipedia (le daidai)

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