J’ai débuté hier le visionnage d’un film japonais qui s’intitule 誰も知らない (dare mo shiranai) traduit en anglais Nobody Knows. Celui-ci relate l’abandon progressif d’une mère qui laisse derrière elle quatre enfants livrés à eux-même. L’histoire est basée sur un fait réel connu sous le nom de 巣鴨子供置き去り事件 (sugamo kodomo okizari jiken “l’incident des enfants abandonnés à Sugamo”). L’occasion pour moi de vous décrire plus précisément 置き去り (okizari) en citant quelques synonymes.
Analyse du mot okizari et synonymes
Je pense que si on connait le sens des kanjis 置 “poser/déposer (verbe 置く oku)” et 去 “quitter/partir (verbe 去る saru)”, on devine bien qu’il y a une forme d’abandon volontaire derrière le mot okizari. Enfin vu que le verbe oku fait plutôt référence à un objet d’habitude, moi j’imaginais une personne déposant un objet (un parapluie abîmé au hasard) et partir en douce. Apparemment, selon le Nihongo Kokugo Daijiten, notre mot du jour renvoyait dés le départ (XVIIe siècle) à l’acte d’abandonner des êtres humains comme des enfants. 赤ちゃんを置き去りにする (akachan wo okizari ni suru) : abandonner un bébé (en le laissant dans un coin).
Actuellement, bien qu’on puisse employer okizari pour des objets ou des choses immatérielle (relations amoureuse par exemple), il fait le plus souvent référence aux êtres vivants. Ainsi pour un chien abandonné, l’expression 置き去り犬 (okizari inu) est courante. Pour les objets qu’on dépose quelque par dans le but de s’en débarrasser (parapluie), le verbe composé 置き捨てる (okisuteru “poser et jeter”) est plus approprié. J’attire votre attention sur 捨てる (jeter) qui est beaucoup plus explicite que 去る (quitter). C’est pourquoi dans les médias Japonais, on évite l’emploi du terme populaire 捨て子 (sutego “enfant jeté”) jugé trop discriminant pour évoquer un enfant abandonné.
Autrement lorsqu’on abandonne quelqu’un dans une situation délicate, il existe le verbe composé 見捨てる (misuteru). Littéralement “voir et jeter”, on constate encore une connotation très négative. 病気な人を見捨てる (byôki na hito wo misuteru) : abandonner un malade à son sort. Je conclus avec 放置 (hôchi “se séparer + poser”) qui se rapproche plus de “délaissé/dont on ne s’occupe plus” sans la volonté d’abandonner complètement. 放置自転車 (hôchi jitensha) : bicyclette délaissée/négligée (mais qui pourrait resservir par la suite).
Résumons :
置き去りにする (okizari ni suru) : abandonner un être vivant quelque part.
置き捨てる (okisuteru) : poser un objet dans un endroit avec l’intention de s’en débarrasser.
見捨てる (misuteru) : laisser tomber quelqu’un dans une position délicate (blessé, malade…).
放置する (hôchi suru) : délaisser/négliger quelque chose (bicyclette, vieil ordinateur…).
Sources : Ja.Wikipédia (à propos de sutego), meaning-book.com (usage de okizari)
2 Responses
On peut aussi mentionner l’expression Obasute (姨捨), le jet de grand-mère. Celle-ci proviendrait d’une légende du 10e siècle, plus précisément la légende d’姨捨山. Bien qu’aujourd’hui on pense plutôt au fait d’abandonner une vieille personne lors des difficultés (eg. famine), la légende originale parle en fait d’une belle-mère abandonnée par son neveu/fils d’adoption pour plaire à sa jeune femme… L’idée d’abandon dans les difficultés seraient apparues avec certains films d’après-guerre.
Je n’en avais jamais entendu parler, apparemment c’est pas très utilisé. Merci pour l’info tout de même ! 🙂