Si vous ne connaissez pas la différence entre une chouette et un hibou, vous êtes tombé sur le bon article. Enfin, vous trouverez des informations plus précises sur Futura Sciences mais moi, j’ai choisi de recourir au japonais pour vous donner un moyen mnémotechnique. Car avec ミミズク (mimizuku), on a directement la réponse dans le nom. N’est-ce pas cela dit un trompe l’œil ?
Origine du mot mimizuku
Si vous avez lu l’article de Futura Sciences, vous avez probablement compris qu’en gros dans les termes “hibou” et “chouette” n’ont rien de très scientifique mais c’est exactement pareil pour la plupart des mots désignant des animaux dans le langage courant. Il semble donc que les hiboux soient en fait des chouettes avec des aigrettes (sorte d’oreilles en plume) proéminentes et bien visibles. Et comme par magie, on a la même distinction en japonais avec ミミズク (mimizuku) pour les hiboux et フクロウ (fukurô) pour les chouettes. De plus qu’étymologiquement, mimizuku semble venir de 耳付く littéralement “avec des oreilles attachées” donc on se dit que les japonais ont eu probablement la même logique que nous.
Sauf que le terme de mimizuku est en fait très récent et qu’autrefois, on disait simplement つく(tsuku) ou づく (zuku). D’ailleurs, cela se voit encore dans le nom de certains oiseaux qu’on assimilerait plutôt à des chouettes comme la アオバズク (aobazuku) qui correspond à la Ninoxe hirsute sans aigrette visible. Bref, il semble que cette distinction chouette/hibou n’était pas présente au Japon et on avait tout plein d’autres appellations comme ヨジク (yojiku) ou encore フルツク (furutsuku). L’influence occidentale a ensuite provoqué une fixation probablement par la traduction des deux termes fukurô et mimizuku avec l’ajout de mimi suggérant les oreilles. Au passage, il s’agit de la même famille, les strigidés qu’on dit フクロウ科 (fukurôka) en japonais.
Par ailleurs, on peut écrire mimizuku en kanjis et c’est le plus couramment 木菟 . Littéralement, cela signifie “lapin (菟, variante de 兎 usagi) des arbres (木)”. Ces ateji choisis pour leur sens sont également postérieurs à la distinction hibou/chouette. Cette dernière s’est vu attribuer le kanji 梟 (鳥+木 = oiseau sur l’arbre) qui serait apparemment moins sympa puisqu’il ferait référence au fait qu’on utilisait autrefois des carcasses de chouette sur les arbres pour effrayer les petits oiseaux.
Sources : Gogen-allguide (étymologie), chigai-allguide (différences)
10 Responses
Vraiment très intéressant ! Je ne connaissais pas du tout la différence entre chouette et hibou (je croyais bêtement que la chouette était simplement la femelle du hibou )
Moi je savais qu’il y avait une différence quelque part mais je ne la connaissais pas… ^^
Zut, on ne peut plus noter ses favoris, cette page serait allée directement dans mes chouchous ! Merci !
Je note pour Alexandre, ce serait bien que la futur application propose cette fonction de favoris, effectivement !
Une autre hypothèse pourrait être que Mimizuku vienne de 蚯蚓喰 (qui mange les vers de terre). Qu’en penses-tu ?
J’ai pensé au départ que tu avais trouvé cette hypothèse sur le net puis en cherchant, j’ai fini par comprendre que c’était une simple suggestion.
Celle-ci n’est pas possible selon moi car on sait que la prononciation mimizuku est postérieure (zuku/tsuku autrefois) donc c’est le “mimi” (oreille) qui s’est greffé par la suite et non “mimizu” (verre de terre). D’ailleurs au passage, on trouve aussi les ateji 耳木菟 en plus de 木菟, il semble que l’idée de l’oreille soit dominante.
J’en profite pour faire un appel à un jeu de mot que les japonais apprécient entre ふくろ et いけぶくろ (pour les hiragana)… Ce qui peut permettre d’illustrer le mystère qui se cachent derrière les chouette d’ikebukuro… Et qui fait suite à l’article suivant sur les sacs plastique.
Ah oui, je ne connaissais pas ces chouettes, on les appelle apparemment いけふくろう. ^^
J’ai des doutes sur l’influence occidentale poussant à faire une distinction, car en anglais il n’y en a aucune (“owl” veut dire chouette et hibou). Le français ne me paraît pas avoir eu suffisamment d’influence sur le japonais, en tous cas pas dans ce domaine. Mais je ne sais pas ce qu’il en est du portugais, ça vient peut-être de là.
Bonne remarque. Il est vrai que cette distinction a pu se faire sans l’influence d’une langue occidentale et simplement à travers l’observation plus poussée des gens. La seule chose dont on est à peu près sûr, c’est qu’il y a eu l’ajout de mimi a un moment donné. Il y a bien deux mots en espagnol (lechuza pour la chouette et buho pour le hibou) mais ça nous aide pas vraiment.
En passant, en français aussi, le mot hibou est plus récent que le mot chouette, on atteste son origine au 16ème siècle alors que c’est le 11ème siècle pour la chouette (source : cnrtl). Donc on peut imaginer que cette distinction du hibou (qui n’a pas lieu dans toutes les langues) se produit naturellement.
Quoi qu’il en soit, j’ai été un peu vite en besogne et il faudra que j’évite d’arriver à ce genre de conclusions hâtives à l’avenir !