En allant chercher mon vélo hier, je suis tombé nez à nez avec ce que je pensais être un lézard. Puis voyant que l’animal n’était pas craintif et se laissait prendre dans la main, je me suis dit “ah tiens, il doit être blessé ou malade”. Il se trouve que ce n’était pas un lézard classique (トカゲ tokage) mais une variété assez proche. L’occasion pour moi de faire un peu de lexicologie ! 🙂
Les variétés de tokage au Japon et expression idiomatique liée
Tokage s’écrit le plus souvent en kana トカゲ/とかげ puisque les kanjis associés à l’espèce sont très rares (蜥蜴). Selon Gogen-allguide, l’appellation tokage viendrait du fait qu’on les retrouve cachés derrière l’ombre d’une porte. Le to proviendrait ainsi de 戸 (porte) et le kage de 陰 (ombre). Tout comme le mot français “lézard”, tokage est un terme général ambigu et peut désigner dans le langage courant plusieurs espèces différentes. Selon son article Wikipedia associé, cela englobe même les iguanes. Enfin si on se contente des espèces les plus communes au Japon, c’est principalement ces trois lascars :
Moi, c’est l’espèce de gauche ニホンヤモリ (nihon yamori) que j’ai trouvée. Il s’agit d’une variété de gecko très commune ici qui fait environ 10 cm. On la reconnait avec ses sortes de ventouses aux pattes et ses yeux globuleux. On considère apparemment qu’il porte chance et il peut d’ailleurs s’écrire en kanjis 家守 littéralement “qui protège (守) la maison (家)”. Concernant les deux autres espèces (nihon kanahebi et nihon tokage), ce sont surtout les motifs qui varient. On passe maintenant à une expression idiomatique très connue : とかげのしっぽ切り (tokage no shippokiri “la coupe de la queue du lézard”).
On l’emploie principalement lorsqu’il y a eu un scandale, par exemple dans le monde de la politique. En principe, ceux qui sont à la tête s’en tirent à bon compte en faisant retomber la faute sur les subalternes. Ceux-ci sont ainsi symbolisés par la queue qui se détache du reste. Bien pensé non ? |ʘ‿ʘ)╯
総理大臣はとかげのしっぽ切りで政権を維持した (sôri daijin ha tokage no shippokiri de seiken wo iji shita) : le premier ministre est parvenu à rester en fonction en sacrifiant ses subalternes.
Autre source : dictionnaire électronique (phrase d’exemple)