Le japonais dans tous les sens

Sentô (銭湯) : un bain public payant mais relaxant

J’ai découvert récemment un excellent podcast, probablement le meilleur sur le Japon : Mensetsu (littéralement “entretien” 面接 en kanjis) réalisé par Mathieu Combellas. Dans celui-ci, il interroge à chaque fois un(e) Français(e) vivant au Japon. Pourquoi avoir choisi de s’y installer ? En quoi leur point de vue a t-il évolué sur le pays ? Vu que les intervenants ont un profil varié, c’est à chaque fois passionnant et croyez-moi que si j’habitais sur Tokyo, j’y aurais bien participé ! (πーπ)

Dans l’épisode 15, Stéphanie nous parle du monde des 銭湯 (sentô) et précise à un moment l’étymologie du mot. Il n’en fallait pas plus pour titiller ma curiosité et faire quelques recherches sur le sujet. C’est donc ce mot qui va passer à la casserole d’eau chaude aujourd’hui ! (ノ^^)ノ

Origine du mot sentô

銭湯 s’écrit avec le kanji 銭  qu’on associe aujourd’hui à la monnaie en pièces (voir le mot 賽銭 saisen) et le kanji 湯 signifiant “eau chaude” et qui peut faire référence aux bains. Pour faire simple, cela faisait donc référence au départ aux bains où l’entrée était payante (contre une petite somme d’argent). L’origine des bains payants n’est pas très claire, la première référence que l’on aurait remonte à l’année 1266. Il est en effet mentionné le mot 湯銭 dans le Nichiren Goshoroku (日蓮御書録). Attention : il ne s’agit pas de 銭湯 (sentô), mais de 湯銭 (yusen). Ne me demandez pas pourquoi cela ne se lit pas tôsen ! (ノД`)

En changeant l’ordre des kanjis, on obtient ainsi le sens “argent du bain” = “frais pour rentrer dans le bain“. Cela ne nous indique certes pas qu’il s’agit d’un bain public, mais que la pratique de payer pour entrer dans un bain existait. Le mot sentô quant à lui apparaît pour la première fois vers 1352 dans un texte qui fait référence à un bain présent au sein du temple Ungoji. Pratique : vu qu’il faut donner une piécette quand on se rend dans un temple, autant prendre un bain au passage ! (`☋´)

Bon en réalité, c’est vraiment à partir de la toute fin du XVIe siècle que la pratique de se rendre dans un bain public (avec la forme actuelle) se répand. Il faut savoir qu’auparavant, c’était surtout les 蒸し風呂 (mushiburo “bains à vapeur” = “sauna”) qui étaient populaires. On raconte qu’en 1591, il fallait 一銭 (issen “1 sen”, l’ancêtre du yen) pour y entrer. Peut-être que cela a permis de renforcer l’usage du mot sen qui était en concurrence à l’époque avec 湯屋 (yuya “boutique de bains à eau chaude”). Ce dernier terme sonne désormais plutôt désuet de nos jours.

Exemple de sentô avec le mont fuji en toile de fond. (oui c’est assez cliché mais bon… oO)

Sentô, yokujô, onsen… c’est quoi la différence ?

Il faudrait déjà définir ce qu’est un sentô ! Le dictionnaire Meikyô donne : “料金をとって一般の人を入浴させる浴場。湯屋。公衆浴場。(ryôkin wo totte ippan no hito wo nyûyoku saseru yokujô. Yuya. Kôshûyokujô.)”. Traduction : Bains (en tant que lieu) permettant à tout le monde de se baigner contre une somme d’argent. Yuya. Bains publics.
Ce qu’il faut retenir ici, c’est qu’un sentô est forcément public et qu’il accueille tous les gens sans discrimination. Comme l’a précisé Stéphanie dans le podcast, même si vous avez un tatouage, vous pouvez en théorie y entrer (sauf rares exceptions).

Le 温泉 (onsen “source chaude”) lui ne désigne pas forcément un établissement (ça peut être une source thermale non exploitée). Cependant quand c’est le cas, il désigne des bains avec un certain label de qualité, il faut que cela provienne d’une source volcanique naturelle entre autres. Il peut être public ou privé (typiquement dans une auberge de type ryokan par exemple). Cela signifie qu’un établissement avec des bains peut être à la fois un onsen et un sentô s’il est public. Sachez toutefois que comme l’explique bien Stéphanie, certains sentô sont des onsen mais ne l’affiche pas pour deux principales raisons : soit pour ne pas payer la taxe 温泉税 (onsenzei “taxe sur les onsen“) soit parce qu’ils ont déjà une clientèle fidèle suffisamment importante. Car lorsqu’on a le label onsen, on attire plus facilement du monde ! ^^

Exemple de daiyokujô situé dans un hôtel

Enfin notre 浴場 (yokujô “lieu où on se baigne”) qui apparaît justement dans la définition, c’est un peu un terme générique pour désigner tout type de bains collectifs. C’est aussi celui qu’on utilisera pour les bains (aussi appelés 大浴場 daiyokujô “bains de grande dimension”) mis à la disposition des clients d’un hôtel ou guest house (voir activité “panique à la guest house“).

Sources : nyûyoku-kyôkai/ccis-toyama (à propos de l’origine du mot), ja.wikipédia (informations diverses), kumamoto.photo (photo du sentô)

Un petit quiz, oui ! 😀

Trois petites questions pour aujourd’hui 😉



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