Le japonais dans tous les sens

Peko peko (ペコペコ) : le ventre creux annonçant la faim

Cela faisait un certain temps que je n’avais pas traité d’une onomatopée sur ce blog alors que le japonais en regorge ! J’ai donc choisi de vous décrire aujourd’hui peko peko (ペコペコ) qui est celle que l’on emploie en général lorsqu’on a faim. Enfin, on va voir qu’en réalité, son champs d’utilisation est plus vaste ! 🙂

Idée derrière peko peko et significations en contexte

Comme la plupart des onomatopées, peko peko peut s’écrire en hiragana ぺこぺこ ou en katakana ペコペコ. On peut observer une légère dominance pour l’écriture en katakana mais il n’existe pas de règle stricte. Quoi qu’il en soit, on aurait affaire ici à un gitaigo (擬態語). C’est à dire une onomatopée qui n’imite pas un son (comme ouaf ouaf, wan wan en japonais) mais un état. Et ici, peko peko décrit quelque chose qui de malléable qui se creuse, s’enfonce, se bosselle ou encore se plie. C’est ce qui aurait donné d’ailleurs le verbe hekomu (凹む se bosseler/se déformer).

Et comme vous le savez, le ventre est en apparence malléable et lorsqu’il se creuse, cela indique en général qu’on a faim. Hara/onaka ga peko peko da (腹/お腹がペコペコだ) : j’ai la dalle/je suis affamé. A noter qu’on parle ici d’une grosse faim, sinon cela ne serait pas visible ! ^^. Toutefois, il arrive que peko peko imite aussi un son, ce qui en fait alors un giongo (擬音語). C’est principalement celui de l’aluminium qui se déforme. Osu to pekopeko to naru akikan (押すとぺこぺこと鳴る空き缶) : une boite de conserve qui fait “peko peko” quand on l’enfonce. On voit bien ici que la frontière entre giongo et gitaigo peut être mince !

Son emploi avec le verbe suru (faire) est probablement encore plus déroutant. Car il est question cette fois-ci de l’état de quelqu’un qui s’incline avec frénésie. C’est souvent dans un but d’excuses mais cela peut être aussi pour bien se faire voir. Kachô ha itsumo shain ni ha totemo ibatteiru ga, shachô no mae de ha peko peko shiteiru (課長はいつも社員にはとても威張っているが、社長の前ではぺこぺこしている) : mon supérieur fait toujours le fier avec les employés mais devant le chef, il s’incline servilement.

Petit bonus : la chanson harapeko aomushi (はらぺこあおむし “la chenille affamée), version japonaise très populaire au Japon du fameux livre “La Chenille qui fait des trous”.

Sources : Dic.pixiv.net (dictionnaire japonais), pj.ninjal.ac.jp (exemples d’utilisation)

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5 Responses

  1. Juste quand j’avais réussi à me sortir cette chanson de la tête, raaahhh!
    getsuyou-bi, getsuyou-bi, ….

  2. C’est étonnant les liens (dus au hasard, ou pas vraiment) que l’on peut faire naturellement avec des expressions françaises : “avoir un creux” = “avoir faim”, ou, pour les courbettes frénétiques, “se plier en quatre pour quelqu’un”.

  3. Pourquoi aomushi ? Je pensais que chenille se disait “mushi” à poils donc kèmushi ? La c’est mushi vert ? décidément je ne pose que des questions sur les animaux… Très busukawaii d’ailleurs cette aomushi

    1. Alors pour la chenille en japonais, il y a trois principaux termes je pense : kemushi pour celles particulièrement poilus, aomushi pour celles qui ont une couleur verte et qui sont peu poilus et imomushi pour les autres (ni poilus ni vertes). D’après ce lien en tout cas : https://detail.chiebukuro.yahoo.co.jp/qa/question_detail/q146281069

      Le problème, c’est que ces catégories ne sont pas étanches, ce sont avant tout des termes vulgaires et non scientifiques ^^.
      On aurait pu appeler cette chenille kemushi car on voit qu’elle a des poils quand même. Mais j’imagine que c’était peut être plus vendeur de mettre en avant sa couleur plutôt que ses poils reluisants… Il faudrait demander au traducteur Hisashi Mori qui a 101 ans.

      Au passage, la version chinoise se nomme 好饿的毛毛虫. On peut donc voir que eux ont choisi la dénomination 毛虫 (kemushi) mais peut être qu’il n’y a pas le choix en chinois. ^^

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