Le japonais dans tous les sens

Patahara (パタハラ) : les harcelés du congé paternité

En France, selon le Ministère des Solidarités et de la Santé, environ sept pères sur dix prennent un congé de paternité. Si on ne prend que ceux ayant un CDI, c’est même plutôt huit pères sur dix. Ainsi, bien qu’on n’atteigne pas 100%, exercer ce droit semble être relativement commun et n’est normalement pas remis en question. La situation n’est pas exactement la même au Japon et il y a un néologisme qui illustre bien le problème : patahara (パタハラ). Je vais tout d’abord expliquer ce qu’il décrit puis je vais vous donner quelques données récentes sur le sujet.

Origine du mot patahara et situation actuelle sur le congé paternité au Japon

Patahara est ce qu’on appelle un mot-valise formé suite à la fusion de deux notions distinctes. La première est la paternité qui peut se dire パタニティ (pataniti) en japonais ou plus communément 父性 (fusei “qui dénote du père”). La seconde est le harcèlement ハラスメント (harasumento) qu’on contracte très souvent en ハラ (hara). Par exemple, le セクハラ (sekuhara) désigne le harcèlement sexuel. Ainsi, patahara (パタハラ) signifie littéralement “harcèlement paternel” et sans autre explication, il est facile de se méprendre. Il s’agit en réalité plus précisément du harcèlement que reçoivent les pères au Japon de la part de leurs collègues et supérieurs lorsqu’ils souhaitent prendre leur congé paternité. |ω・`)

Petite phrase d’exemple : 育児休暇を取ろうとしたら、上司に文句を言われてしまいました。これはパタハラじゃないですか? (ikuji kyûka wo torô to shitara, jôshi ni monku wo iwarete shimaimashita. Kore ha patahara janai desu ka ?). “Lorsque j’ai essayé de prendre un congé parental, j’ai eu droit des critiques de la part de mes supérieurs. N’est-ce pas du harcèlement à la paternité ?
Pour information, patahara au mot マタハラ (mata hara) qui lui est centré sur les mères. Autrement dit, on l’emploie pour désigner les pressions que reçoivent ces dernières lorsqu’elles tombent enceintes, grossesses qui finissent encore malheureusement souvent sur la perte de leur emploi. Bien que cela soit en légère baisse, on parle pour l’année 2017 (femmes ayant eu leur premier enfant entre 2012 et 2016) d’un taux de licenciement (ou arrêt consenti) de 44,3%.

Mais revenons à nos pères Japonais avec un chiffre qui résume bien la situation : seulement 6,16% d’entre eux ont demandé leur congé paternité entre octobre 2016 et octobre 2017. C’est certes mieux que 10 ans auparavant où on atteignait 1,23% mais quand on part de si bas… (´-ω-`)
Dernier chiffre : en 2014, sur un échantillon de 1000 pères entre 20 et 59 ans, 11,6% ont affirmé avoir subit un patahara au boulot. Je vous donne rendez-vous dans 10 ans pour voir comment ça a évolué ! 🙂

 

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