Vous n’avez probablement jamais entendu le mot sétaire et si on m’avait demandé de quoi il s’agissait, je ne sais pas ce que j’aurais répondu. Dans un registre différent, si on vous donne le mot japonais nekojarashi (猫じゃらし) sans contexte, vous allez sans doute deviner que ça a un rapport avec le chat (neko) mais de là à faire le lien avec une plante ! (-ω-ゞ
Découvrons donc ensemble ce dont il s’agit avec le livre pour enfant ノンタン (Nontan).
Origine du mot nekojarashi et emploi de nos jours
Selon le Nihon Kokugo Daijiten que j’ai déjà cité hier, le mot 猫じゃらし (nekojarashi) désignait au départ une façon particulière de nouer la ceinture (1767). Pour comprendre la logique, il va falloir que j’explique le sens littéral du mot au préalable. Neko (猫) désigne bien le chat et jarashi (じゃらし) provient du verbe jarasu (じゃらす) peu usité aujourd’hui. Il signifie “faire jouer/amuser” et il est lui-même une forme dérivée du verbe じゃれる (jareru). La différence se situe au niveau de la transitivité, jarasu est transitif et jareru est intransitif. C’est pourquoi on dit 猫をじゃらす (neko wo jarasu “faire jouer un chat”) et 犬がボールでじゃれる (inu ga bôru de jareru “le chien joue avec une balle”).
Ainsi, nekojarashi signifie littéralement “(la chose) qui fait jouer le chat/jouet pour chat“. Et donc pour revenir à notre ceinture, c’est le nœud consistant à la laisser pendre qui a finit par prendre ce nom. Car comme vous pouvez l’imaginer, un chat ne reste jamais insensible face à quelque chose qui pend sous son nez. •́ε•̀٥
C’est finalement vers 1939 (toujours selon le Nihon Kokugo Daijiten) que nekojarashi deviendra l’appellation la plus populaire de la sétaire qui porte le nom plus scientifique de エノコログサ (enokorogusa). Là encore, il suffit de la voir pour comprendre que ça fait un bon jouet pour chat. ˚ᆺ˚
Voici le livre pour enfant qui m’a fait découvrir ce mot. Nontan (ノンタン) est une série intéressante au niveau du langage car chaque livre contient de nombreux jeux de mots et onomatopées inventées pour l’occasion. Ici, l’auteure Sachiko Kiyono s’est amusée à créer une variante par animal comme ぶたじゃらし (buta jarashi “jouet pour cochon”) ou たぬきじゃらし (tanuki jarashi “jouet pour chien viverrin”). À titre personnel, je trouve la création de ce genre de jeux de mots efficace pour apprendre à bien décomposer chaque terme et améliorer sa “conscience linguistique”. D’autant plus que le japonais permet plus facilement ce procédé en tant que langue agglutinante (assemblage d’éléments). 🙂
Sources : Nihon Kokugo Daijiten (étymologie), Nontan Kocho Kocho Kocho (illustration)