Il existe ce qu’on peut appeler une coutume au Japon, les soirées alcoolisées entre collègue après le boulot qu’on appelle les nomikai (飲み会). Quelle est leur signification, comment sont-elles perçues aujourd’hui par les japonais ?
Les nomikai, qu’est ce que c’est ?
飲み会 est composé du kanji 飲 qui signifie “boire, ingurgiter” et du kanji 会 signifiant la “rencontre, réunion”. Le principe est donc de se réunir en buvant un verre qui sera la plupart du temps alcoolisé. Comme cela se déroule en soirée juste après le boulot, on mange aussi des mets qui s’accompagnent bien avec la boisson, principalement de la friture ou des brochettes. Il existe après un rituel concernant la disposition des places, celles situées le plus loin de l’entrée étant par exemple réservées aux supérieurs.
Mais abordons plutôt l’origine de cette coutume : elle viendrait d’un ancien rite chinois datant de l’antiquité, le kaimei (会盟). Il consistait à réunir des princes et seigneurs qui afin d’entretenir leurs alliances juraient en buvant tour à tour du sang prélevé des oreilles de bovins. Une sorte de “pacte du sang” en somme. Au Japon, l’alcool a remplacé le sang, mais le but initial est le même, c’est à dire renforcer les liens au sain du groupe. D’ailleurs, vous n’êtes pas obligé de vider le verre d’alcool si vous y participez, le seul fait de poser ses lèvres et faire mine de boire est normalement jugé suffisant afin de “jurer fidélité”.

Les japonais et les nomikai, pas qu’une histoire d’amour
On voit de nos jours de plus en plus de japonais s’interroger sur le sens des nomikai et admettre ne pas vouloir y aller. Il faut dire que certains paramètres ont changé suite à l’éclatement de la bulle : ce ne sont plus les senpai (先輩 “aînés”) qui payent la note, c’est désormais partagé entre tous les participants. Et cela peut revenir assez cher à la fin du mois, la moyenne étant d’environ 12 000 yen mais cela peut aller jusqu’à 50 000 yen. On voit ainsi beaucoup d’épouses s’en plaindre sur les différents sites de discussion.
Selon une enquête de la marque de bière Kirin datant de 2010, les salaryman (employés des entreprises) vont en moyenne 2,9 fois par mois à une nomikai. On remarque que le nombre tombe à 2 lorsqu’il y a un enfant à la maison. Même si un certain nombre d’entre eux y va par obligation pour ne pas se faire rejeter du groupe, il ne faut donc pas exagérer l’ampleur de ces réunions d’entreprise alcoolisées en prétextant qu’elles empêchent d’avoir une vie de famille épanouie.