Le masque hygiénique au Japon, une longue histoire d’idées reçues. Je préfère prévenir tout de suite, on ne s’en sert pas pour “filtrer l’air pollué” mais principalement lorsqu’on est malade. Il existe cependant d’autres raisons méconnues entraînant le port du masuku. Ah oui ?
Les débuts du succès du masuku au Japon
Afin d’être le plus clair possible, je ne vous parlerai pas ici des masques dans leur ensemble, kamen (仮面) en japonais. Mon propos ne porte que sur les masuku (マスク) qui sont des masques généralement en gaze (étoffe légère) que l’on porte pour diminuer les risques de contamination. Encore assez récents, leurs ventes ont justement explosé lors d’une épidémie d’ampleur mondiale : la grippe espagnole de 1918-1919 qui fit plus de 50 millions de morts dont 390 000 au Japon.
Depuis, nos masuku ont connu diverses évolutions pour être de plus en plus imperméables aux bactéries et faciles à enfiler. On peut trouver par ailleurs différentes couleurs dont le rose destiné à la gente féminine. Masuku wo tsuketakunai ! (マスクを付けたくない !) “je ne veux pas porter de masque !” diront certains enfants. Et bien pour eux, on en fabrique même des fashion à différents motifs, comme celui-ci :

Le phénomène de dépendance au masque chez les japonais
Un sondage rassemblant 7583 participants a été réalisé sur internet en février 2014. Il avait pour but de comprendre pourquoi on porte le masuku, sa fréquence d’usage, etc. On peut déjà remarquer comme attendu que les raisons principales de son utilisation sont médicales : quand on a attrapé soit même un rhume (50,9%), quand quelqu’un de son entourage en a attrapé un (34,9%), à cause du pollen (29,4%) quand on a mal à la gorge (24,7%)… S’ajoute à ça celles liées à la prévention qui pourront paraître surprenantes : lorsqu’on se retrouve dans un lieu poussiéreux (30,7%), sec (21%) ou encore bondé comme un concert (21%), en cas de temps froids (17,6%)…
Enfin, et c’est ce qui nous intéresse ici, il existe des raisons purement personnelles qui sont d’ordre psychologique et sociale : 9,6% des personnes interrogées admettent porter un masuku pour éviter de montrer leur visage ! 6% car elles estiment avoir une mauvaise haleine ou encore 3,9% pour éviter le contact avec les autres. Est ce que cela peut-il aller jusqu’à une certaine dépendance ?
Et bien oui, il exist en tout cas un terme japonais qui désigne ce phénomène : masuku izonshô (マスク依存症) “dépendance au masque” On cherche ainsi à cacher certaines faiblesses comme une timidité maladive, des boutons d’acné, un complexe… Cette “mode” porte un nom, le date masuku (伊達マスク) littéralement “masque chic/qui se porte pour le style”. Parmi les jeunes femmes sondés (jusqu’à 29 ans), 41,2% avouent y avoir déjà eu recours !
Sources : dims.ne.jp (sondage), nicoly.jp (sur la dépendance)