Lorsqu’on se remet en question, la première étape consiste à admettre que l’on s’est trompé ou en tout cas que l’on aurait pu faire mieux. Et à ce petit jeu, il n’y a aucune limite puisque l’être humain est perfectible. En japonais, il y a un mot qui traduit bien cet état d’esprit : hansei (反省). Après une petite analyse des kanjis et de sa définition, je vais tenter de décrire ce que ça renvoie dans la vie de tous les jours.
Analyse du mot hansei et définition
Hansei s’écrit avec les kanjis 反省 où 反 signifie en général “anti/opposé” (hantai反対 contraire/opposé) mais qu’il faut interpréter ici avec la signification “revenir en arrière (dans le sens inverse)”. 省 quant à lui veut dire ici “regarder en détail/réfléchir sur”. On le retrouve avec ce sens dans le mot naisei (内省) correspondant à l’idée de l’introspection. Ainsi, si on se fait une traduction littéral des kanjis, on obtient “réfléchir en faisant un retour en arrière“.
Les dictionnaires japonais indiquent pour la plupart une définition similaire en sens un, à savoir “réfléchir sur les actes que l’on a réalisés”. Sauf qu’en général, l’intérêt de cette réflexion profonde est de chercher ce qui a loupé et comment on pourrait s’améliorer dans le futur. C’est pourquoi on retrouve quasiment toujours la précision “pour s’assurer qu’il n’y a pas eu d’erreurs”. Hansei shinasai (反省しなさい) : remets toi en question !

Difficile donc de trouver un mot équivalent en français puisque “introspection” est trop neutre et renvoie à quelque chose de plus spirituel. Mon dictionnaire propose également “réflexion” mais là encore, c’est trop vague vu qu’on pense surtout à l’acte de réfléchir. Il semble donc au final que “remise en question” ou encore “mea culpa” soient le mieux que l’on ait. Et on va s’en rendre compte tout de suite avec les contextes d’usage de ce terme !
Contextes d’utilisation du mot hansei
Lorsque j’ai travaillé le matin dans un hôtel japonais en tant que serveur, j’ai pu assister une fois à une réunion particulière. Celle-ci porte le nom de hanseikai (反省会) littéralement “réunion où on fait hansei“. Dans certaines entreprises, elle a lieu presque tous les jours. Dans mon hôtel, c’était un matin où on avait été particulièrement débordé. Le but était donc de chercher en groupe ce qui avait pêché afin qu’à l’avenir on puisse gérer mieux ce genre de situation.
C’est donc probablement en entreprise qu’on emploie le plus souvent hansei. Dans son essai Intuitu Personae, Nemu Yoake écrit : “Les Japonais adorent faire hansei, et surtout ils adorent l’imposer à leurs employés. Expliquer pourquoi on a raté ses objectifs, expliquer comment on fera pour les atteindre.” Cependant, comme elle le précise juste après, les objectifs (décidés ou non par l’employé) sont volontairement inatteignables. On se retrouve alors à faire son mea culpa à longueur de journée. Il en faut de l’imagination ! :S

Cela devient tellement chronophage qu’on a tendance à associer hansei à “reconnaître sa faute/s’excuser (ayamaru 謝る)“. Car quand on y réfléchit bien, c’est plutôt un acte de soumission qu’on attend de l’employé plutôt qu’une réelle remise en question. Ce qui est rigolo d’ailleurs, c’est que le plus fautif lors de la réunion à laquelle j’ai participé était notre supérieur… 😀
Sources : livre Intuitu Personae (témoignage intéressant d’une française devenue prof d’anglais au Japon), Kotobank (dictionnaires japonais)