Le titre de l’article du jour aurait pu être proposé comme sujet de philosophie au bac et vous avez donc 4 heures pour y répondre en commentaire. Bon en réalité, je ne l’ai pas choisi pour rien car il provient directement d’une interprétation qu’on pourrait faire des kanjis du mot japonais 勉強 (benkyô). Celui-ci est absolument indispensable car on aime tous exposer le fait qu’on étudie le japonais. Mais possède t-il toujours la signification qu’on lui attribue ?
Origine du mot benkyô et expressions à retenir
Selon Gogen-Allguide et mon dictionnaire préféré Nihon Kokugo Daijiten le confirme, le sens étymologique de 勉強 est 勤め強いる (tsutome shiiru). C’est à dire “être contraint (強いる) de faire des efforts (勉め)”. Au départ (vers la moitié du 18ème siècle durant l’époque d’Edo), c’était en particulier de réaliser avec une certaine réluctance quelque chose qui ne nous plaisait pas vraiment. On a ainsi comme source un texte de 1759 avec un apprenti moine pas franchement fan à l’idée de partir quelque part. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a pas eu tout de suite après le sens “acquérir des connaissances (avec l’idée d’efforts)”.
Celui-ci est en réalité le plus récent (début de l’ère Meiji dans les années 1870) et avant cela, c’était surtout les marchands qui y avaient recours. Accrochez-vous bien, il signifiait… “vendre peu cher/faire des réductions”. Car oui, si on se met à la place du marchand, c’est un effort contraint que de baisser ses prix. J’ai donc trouvé la phrase 勉強させていただきます (benkyô sasete itadakimasu) qui veut dire “je me permets de vous faire un prix” sans rapport aucun avec les études. Bon c’est vrai que de nos jours, ce genre d’énoncé est rare mais pas inexistant. Benkyô s’emploie tout de même le plus souvent comme synonyme de 学習 (gakushû “étude/apprentissage”). Cela dit, c’est dans un sens un peu plus large toutefois.
En effet, lorsqu’on dit XXXを勉強している (XXXを勉強している), cela se traduit forcément par “j’étudie/j’apprends XXX (japonais, mathématiques…). Par contre, la tournure 勉強になりました (benkyô ni narimashita) est plus floue. Elle indique que l’interlocuteur a effectivement acquis de l’expérience mais ce n’est pas forcément académique comme avec gakushû. On traduit donc ça par “cela m’a été utile/j’ai beaucoup appris” voire “cela m’a servi de leçon” (après une défaite par exemple). La nuance “avec effort/sous la contrainte” a donc presque disparu mais quand on voit comment se déroule l’enseignement au Japon, on… L’article est malheureusement terminé, ce sera pour une prochaine fois ! 😀