Si vous regarder la série Game of Thrones en japonais, vous tomberez très certainement sur ce verbe : uragiru (裏切る) qui se traduit généralement par “trahir”. Dans quel contexte est-il apparu, quel est son usage aujourd’hui ?
Origine et contexte d’apparition de uragiru
裏切る est composé du kanji 裏 (ura) qui signifie “la partie non visible” et 切 signifiant “couper”. En fait, dans le japonais ancien, le kanji 心 (le coeur, l’esprit) se prononçait aussi ura et exprime également ce que “l’on ne peut voir de l’extérieur”. Au départ donc, uragiru signifiait “trancher les liens du cœur” pour prendre le sens de trahir, tromper.
Bien que l’on ne soit pas certain de quand ce mot remonte, on a des traces datant de l’époque Nanboku-chô (南北朝時代, 1336-1392). Le contexte s’y prête bien en tout cas : il s’agit d’une période de guerre civile avec la cour du Nord est opposée à la cour du Sud où deux empereurs Komyo (Nord) et Go-Daigo (Sud) s’affrontent. Qui dit époque instable dit trahisons en série avec ici des chefs de guerre bushô (武将) qui n’hésitaient pas à virer chez l’ennemi pour des raisons stratégiques et devenir des uragirimono (裏切り者, traître). Pour la petite histoire, c’est finalement le Nord qui l’a remporté.
Usage de uragiru aujourd’hui
De nos jours, le contexte de guerre ayant disparu au Japon, on emploie uragiru de manière plus légère, sans forcément qu’une volonté de “trahir” au sens propre n’existe. En regardant dans un dictionnaire, on peut trouver cette définition : yakusoku ; kitai nado ni han suru (約束・期待などに反する) qui signifie “agir à l’encontre des promesses ou bien des attentes”. Par exemple, un enfant qui a une mauvaise note contre toute attente pourra “trahir” l’attente que ses parents ont porté en lui, on peut donc avoir ce genre de phrase : oya no yosô wo uragiru seiseki (親の予想を裏切る成績) “des résultats qui trahissent les prévisions des parents”.
Cela peut aussi s’appliquer pour un différend avec un ami sur un sujet où tout le monde était d’accord au début. J’ai pu lire l’histoire d’un japonais que nous nommerons Tarô qui était proche de quelqu’un avec qui il partageait l’idée qu’il fallait privilégier le bus pour se rendre au boulot car la voiture polluait davantage. Mais ce dernier a finalement décidé d’acheter une automobile pour des raisons pratiques, Tarô s’est donc senti uragirareta (裏切られた, forme passive “être trahi).
Sources : mobility-8074, yahoo.co.jp