Voici un terme qui fait polémique au sein du Japon, hâfu (ハーフ) qui désigne les personnes métissées, c’est à dire “moitié” japonaises et “moitié” étrangères. Regardons ensemble l’histoire de ce mot et ce qu’il représente aujourd’hui.
Histoire du mot hâfu
ハーフ est un mot en katakana venant de l’anglais half qui signifie “moitié”. Sa première apparition date des années 70 quand les mariages binationaux ont commencé à se répandre au pays du soleil levant pour atteindre le nombre de 5545 en 1980. Avec ce terme de half, on ressent une volonté de distinguer strictement les métis des “vrais japonais au sang pur”.
Le mot “métis” (signifiant “mélange”) bien qu’également discriminant a un sens légèrement différent car il est basé sur la notion de races (blanc, noir, asiatique…) alors que half sépare les japonais du reste du monde. On dira rarement d’un franco-italien qu’il est métis, mais les enfants issus de parents japonais et chinois ou encore japonais et français seront automatiquement des hâfu.
Dans les années 1990, le terme daburu (ダブル) littéralement “double” a été proposé afin d’atténuer la connotation négative de “moitié”qui coupe l’individu en deux. Cela dit, il n’a pas marché car jugé trop excessif par les personnes concernées. Par ailleurs, on garde toujours cette idée indécrottable de séparation entre le côté japonais et le reste.

Hâfu au Japon, c’est un avantage ?
De nos jours, les métis ont une image assez idéalisée au Japon : ils savent parler anglais, ils connaissent une autre culture, ils possèdent les avantages d’un occidental à savoir une grande taille, de longues jambes tout en ressemblant suffisamment à un japonais pour conserver un côté “rassurant”. Ce stéréotype est surtout véhiculé par les médias avec des hâfu qui sont très présents dans les magazines de mode ou encore sur les plateaux TV.
Mais la réalité n’est pas aussi rose, il est souvent très difficile pour un métis d’assumer sa différence dans une société aussi “homogène” que le Japon où la moindre divergence est pointée du doigt. Les discriminations commencent dés l’école, les hâfu y étant encore assez rares. Trouver un boulot qui soit dans un domaine autre que le mannequinat ou l’enseignement des langues est aussi plus difficile.
De plus, on est parfois confrontés à de nombreuses questions de l’ordre du privé lors des entretiens comme “le travail a lieu parfois le dimanche, allez vous à l’église ? Rentrez vous souvent au pays ?”. L’augmentation constante du nombre d’étrangers au Japon (passant de 850 000 en 1985 à 2 100 000 en 2006) va t-elle changer la donne ?
Sources : hafufilm.com, cakes.mu
4 commentaires
Interessant ! Pour ma part je trouve les 2 mots assez stigmatisants : dans un cas on n’est que la moitié d’un “vrai” japonais et dans l’autre on est “double” synonyme de versatile pour moi, comme si on ne pouvait pas faire la synthèse des 2 cultures d’influence de tel sorte que l’on puisse s’intégrer de manière sereine au pays où l’on vie 🙁 mais est ce que tout le mon subit réellement cette “discrimination” ou c’est juste tres anecdotique?
L’article n’aborde pas le sujet des métisses de couleur et leur place dans la société. Ont-ils cette meme visibilité dans la société japonaise et cette meme image positive que celle des métisses caucasiens ? L’élection d’Ariane Miyamoto est il le symbole d’un japon plus ouvert à la diversité ?
Je trouve également les deux mots stigmatisant, c’est aussi la stricte séparation qui me gêne. Je ne peux pas dire après si tout le monde est concerné par cette discrimination, par contre j’ai lu des anecdotes sur des métisses de couleur justement. Celle que j’ai en tête concerne un métis à peau noire qui se faisait refuser à chaque entretien, on lui disait à chaque fois “vous feriez peur aux clients, désolé”. Il était obligé de justifier directement au téléphone “je parle parfaitement japonais mais je suis noir…” afin d’éviter de se déplacer pour rien. Dans le secteur de la vente où l’image est importante, on privilégiera forcément un japonais japonais.
L’élection d’Ariane Miyamoto, vu les réactions que ça a provoqué sur les réseaux sociaux notamment “mais c’est pas une vrai japonaise !!”, je ne pense pas qu’on puisse parler d’un Japon ouvert, ou alors d’une simple volonté des dirigeants de procéder à son ouverture. Car on le sait, il faudra un jour ou l’autre intensifier l’immigration, les robots ne pouvant pas remplacer les humains dans toutes les tâches. Mais dans l’état actuel des choses, difficile de voir la population japonaise accepter ça sans broncher…
Il existe un film intéressant sur les half : http://hafufilm.com/
Je vais bientôt le regarder pour ma part afin d’en apprendre un peu plus sur le sujet 🙂
Article très intéressant en effet ! Je connais des métis japonais mais qui vivent en France, et m’ayant dit qu’il était difficile pour eux de s’y être intégré pendant leur scolarité. J’avais une question, comment appelle t-on en japonais des personnes mélangées n’ayant pas de sang japonais (par exemple, mélange entre Afrique et Europe)?
Bonjour,
Hum, c’est un des premiers articles que j’ai écrit et j’avoue qu’il n’est pas très clair sur certains point. J’ai sûrement trop insisté sur le côté “japonais” puisque le terme hâfu est différent de métis dans le sens où il suffit d’avoir des parents de nationalité différente pour être désigné comme tel. Alors que métis, c’est davantage une notion de race. Mais même s’il n’y a pas de sang japonais, un franco-américain sera considéré comme un hâfu par exemple. A noter qu’au Japon, il n’existe toujours pas la double nationalité donc on est en théorie soit japonais soit étranger.