Ah l’esprit de Noël, se retrouver en famille autour d’un sapin et d’un feu de bois… :D. Cette image ne semble pas correspondre à kurisumasu (クリスマス), c’est à dire le Noël japonais. Essayons d’y voir un peu plus clair avec un peu d’histoire et de sondages !
Petite histoire de Noël au Japon
Kurisumasu s’écrit en katakana クリスマス et on comprend rapidement qu’il vient directement de l’anglais Christmas. On a tendance ainsi a pensé que Noël est très récent au Japon mais ce n’est pas correct . La trace la plus ancienne remonte en effet à 1552 avec le missionnaire portugais Cosme De Torres qui aurait invité les croyants japonais à une messe de Noël. Cependant, c’était dans un cadre religieux très fermé et on ne peut pas parler ici de “fête populaire” comme c’est le cas actuellement.
C’est avec l’ouverture du Japon au 19ème siècle qu’on commence réellement à voir Noël prendre de l’ampleur. Plus précisément en 1900 où s’est déroulé le premier marché de Noël à Ginza, un quartier commerçant luxueux de Tokyo. Mais c’est surtout un “heureux” concours de circonstance qui a permis un développement rapide : la mort de l’empereur Taishô un 25 décembre en 1926.
Quel est le rapport ? Et bien jusqu’en 1947, le jour de mort de l’empereur correspondait à un jour férié pendant toute la durée du règne de son successeur. On l’appelle senteisai (先帝祭) “fête de l’empereur défunt”. Noël étant du coup devenu également un jour férié, les commerçants ont profité de l’occasion pour attirer un maximum de clients. Amusant non ? A noter qu’aujourd’hui, kurisumasu ne correspond plus à un jour chômé.
Comment on fête kurisumasu aujourd’hui alors ?
Je pense que beaucoup d’entre vous sont au courant donc je ne vais pas faire durer le suspens : au pays du soleil levant, on ne fête pas noël avec la famille au sens large. Pour ça, il y a le nouvel an shôgatsu (正月). Lorsqu’on est marié avec des enfants, ça se passe tranquillement à la maison. Dans ce cas précis, une “coutume” encore récente est d’aller au KFC et de manger tous ensemble du poulet infect à la maison. Et oui, on ne respecte rien !
Et les célibataires vivant seuls, ils font comment alors ? Il existe des fêtes spécialement pour eux organisées le 24 décembre mais cela reste très marginal. On le passe donc souvent tout seul et cela porte un nom, le kuribocchi (クリぼっち) “noël solitaire”. Un terme plutôt ambigu car certains considèrent que cela ne désigne pas le fait d’être esseulé mais “sans l’être aimée”. Car oui, le top du top, c’est le kurisumasu en couple !
C’est surtout un idéal car un sondage réalisé en 2015 donne à ce propos des résultats étonnants : 90 % des japonais non mariées fêteraient noël sans chéri(e) (20-69 ans, échantillon de 1371 personnes à travers le pays). En prenant uniquement des jeunes non mariés (23-39 ans), l’écart se réduit mais on retrouve toujours une majorité de personnes passant un “noël sans amoureux” (environ 70%). Avec même un chiffre étonnant de 42,7% des hommes de 23-39 ans le fêtant absolument seuls !
Et c’est quelque chose qu’on essaye d’éviter à tout prix. Il existe ainsi des sites qui expliquent comment empêcher un kuribocchi. Par exemple une méthode “infaillible” où on part à la chasse 4 mois à l’avance (on ne rigole pas au fond ! :D). D’autre part, si on demande aux japonais avec qui ils veulent passer noël, ils sont une majorité à répondre “ma/mon chéri(e)” (65%). Kurisumasu en couple au Japon, un idéal compliqué à atteindre ?
Sources : ja.wikipedia (histoire et généralités), sirabee.com (sondage de 2015 20-69 ans), anniversaire.co.jp (sondage de 2015, 23-39 ans)