Le japonais dans tous les sens

Les dictionnaires en ligne japonais-français et français-japonais

Il ne faut pas se voiler la face : comparer aux dictionnaires anglais-japonais, les dictionnaires en ligne français-japonais prévus pour les francophones font piètre figure. Très souvent, ils sont d’ailleurs directement traduits depuis l’anglais. Cela fait donc japonais –> anglais –> français. Et malheureusement, vu qu’on perd des informations en cours de route, cela donne un résultat pas toujours fiable.

Ici, je n’aborderai pas le cas des traducteurs automatique comme Google Traduction ou encore Reverso. Même si blague à part, ils ne sont pas beaucoup plus mauvais que certains dictionnaires papier. Je vais donc plutôt m’intéresser aux vrais dictionnaires et notamment à ceux participatifs qui incarnent pour moi l’avenir.

Sommaire :

Glosbe
WordReference
Dictionnaire-Japonais.com
Wiktionnaire
Conclusion

Glosbe : Un dictionnaire en ligne pouvant dépanner en cas de traduction

Glosbe est un dictionnaire que j’ai redécouvert récemment car mon dictionnaire électronique était tombé en panne. Au départ, je pensais que c’était un simple traducteur automatique classique mais c’est un peu plus complexe que ça. De ce que j’ai pu comprendre, il fonctionne un peu à la manière de Linguee, c’est à dire que les traductions sont tirées de milliers de phrases enregistrées.

Le problème, c’est que les entrées ne sont pas réorganisées par la suite et cela fait très fouillis. Je ne sais pas du coup si on peut parler de dictionnaire dans ce cas, disons qu’il propose simplement toutes les traductions possibles pour un mot. Voici un exemple avec 先生 :

Je pense qu’on ne voit pas grand chose sur cette capture mais pour 先生, on nous propose une vingtaine de traductions différentes classées un peu dans le désordre. Pour chacune, la source est précisée et on peut soi-même proposer une traduction. Il faut alors disposer d’un compte chez eux et j’imagine qu’il y a un contrôle derrière (à vérifier).

Le principal problème donc, c’est ce côté fouillis ou on a tout et n’importe quoi (spécialiste ? Supérieur ? Mademoiselle ? Capitaine ?) et bien que ces traductions soient en réalité “possibles”, on aurait aimé un petit contexte comme une phrase associée. Et pour d’autres mots plus rares, j’ai pu voir des choses totalement à côté de la plaque. Je crois que beaucoup de traductions proviennent de bases linguistiques en anglais de toute façon.

Bref, si je tenais à vous le présenter malgré ces gros défauts, c’est que ce site peut être utile pour dépanner un traducteur averti. Je précise “averti” puisqu’il faut que celui-ci aie une idée du sens du mot à la base. Mais comme en traduction, c’est utile d’avoir plein de synonymes lorsqu’on veut rendre une phrase un minimum naturelle, j’avoue que j’étais bien content d’y avoir recours. 🙂

Edit du 17/02/2020 : il semble que ce site ait évolué puisqu’il y a désormais des phrases d’exemple accompagnant chaque traduction. Voilà à quoi ressemble la page sur sensei désormais :

Pas mal non ? Bon ces phrases d’exemple viennent pour beaucoup de l’anglais, ce qui donne souvent des traductions bizarres. Il faut donc rester vigilant et avoir un bon niveau pour identifier ce qui ne va pas. De plus, lorsqu’il s’agit d’un terme récent comme 別腹 (betsubara) ou peu usité, il affiche rapidement ses limites. Encore une fois, je pense toujours que ça peut être une aide si on fait de la traduction car il faut savoir jongler entre différentes possibilités.

WordReference : un dictionnaire japonais-français “virtuel”

Wordreference est connu pour proposer des dictionnaires en ligne assez fiables avec en plus un forum composé de multitudes de sujets passionnants. Moi même je l’utilise pour ce qui est de la traduction français-anglais ou anglais-français. Cependant pour le japonais, c’est un peu différent. Sur la page d’accueil du dictionnaire, il est en effet précisé :

Le dictionnaire WordReference Français-Japonais est un “dictionnaire virtuel” qui a été créé en combinant les dictionnaires Anglais=>Français et Anglais=>Japonais. Il sera loin d’être parfait mais nous espérons que vous le trouverez utile malgré ses imperfections.

Au moins, ils annoncent la couleur ! Cependant, à l’instar d’un bon dictionnaire papier, il a le mérite de classer les traductions par sens. Ainsi, pour le mot “poids” par exemple, on obtient ça :

Je précise que par manque de place, je n’ai pas pu mettre tous les résultats. On remarque donc qu’ils commencent par les sens concrets (à gauche) pour finir sur ceux plus abstraits. Seulement, cela manque malheureusement d’explications et il y a des erreurs à commencer par la première phrase d’exemple en français qui correspond pas à la traduction en japonais (où il est question de chats et non d’objets). On peut également noter qu’il faut avoir un bon niveau de japonais car les phrases sont en kanji.

C’est cela dit moins gênant que pour un dictionnaire en papier comme le Concorde (ou électronique) car vous pouvez avoir recours à l’extension Rikaikun (pour Chrome) ou Rikaichan (pour Firefox). Celles-ci permettent d’afficher les kanas en plus des traductions en anglais. A utiliser avec modération car on devient vite dépendant. Voyez plutôt :

Sympa non ? A noter que pour la version Firefox (Rikaichan), on peut apparemment utiliser un dictionnaire en français. Je vous dirai ce qu’il en est lorsque celle-ci sera compatible avec la dernière version de Firefox (Quantum) que j’utilise actuellement. Bref, quoi qu’il en soit, pour le sens français-japonais, WordReference ne s’en tire finalement pas si mal que ça. C’est toujours mieux qu’un mauvais dictionnaire papier même si moins exhaustif et précis qu’un dictionnaire électronique. Par exemple, le mot fundô n’apparaît pas. Quel dommage ! 😀

Par contre, pour le sens japonais-français, cela semble davantage aléatoire. Pour le mot taijû, on obtient uniquement la traduction “poids” sans plus de précision. Pour sensei par contre, c’est déjà beaucoup complet. Voyez par vous même :

Bon là encore, il faut être assez bon en japonais pour parvenir à lire les explications et notre Rikaikun ne peut pas tout. On voit sinon les points faibles de ce “dictionnaire virtuel” parce que certains termes deviennent faux en français. Par exemple, “pédagogue” ne me semble pas bon ni “employé”. Il faut donc être très prudent et j’aurais ainsi du mal à recommander Wordreference pour le sens japonais-français.

Dictionnaire-japonais.com : une bonne idée mais…

On s’attaque maintenant à un dictionnaire de japonais en ligne très connu puisqu’assez ancien (2005) : dictionnaire-japonais.com. L’idée de base est excellente : fonctionnant sur le principe des sites participatifs, chacun est libre d’ajouter un mot japonais avec sa traduction et des explications. Et le problème est donc principalement là : n’importe qui peut ajouter n’importe quoi. Il y a certes un logo vert pour les “fiches certifiées”. Mais bon, ça ne semble pas signifier grand chose vu qu’on ne sait pas comment ces fiches sont certifiées. Regardons le mot sensei par exemple :

Et oui, c’est très limité. Aucune phrase d’exemple, aucune explication, juste les traductions “professeur, maître”. Je pense que pour faire quelque chose de valable, il aurait fallu créer des règles strictes dés le départ. Par exemple proposer au moins une phrase d’exemple, la possibilité d’organiser la fiche avec plusieurs sens… Il est donc selon moi mal pensé dans sa forme mais également dans son fonctionnement. On ne peut pas en effet modifier directement les fiches mais seulement “signaler une erreur, proposer une amélioration”. Ce qui fait qu’on reste dépendant du bon vouloir de l’auteur/des modérateurs. Ce rapport vertical me gêne un peu et je reviendrai dessus avec le cas Wikipedia.

Pour l’anecdote, taijû a été traduit uniquement par “poids” sans plus d’explications. Et la partie français-japonais est totalement bordélique vu que les traductions n’apparaissent pas dans un ordre logique. Si on tape “poids” par exemple, on tombe en premier sur mekata puis taijûomosa, kinme, kinryô… Ce dictionnaire n’est de toute façon pas prévu pour être utilisé dans ce sens donc on peut lui pardonner cet impair. Enfin, vu que le reste n’est pas très bon non plus, au final… :S

Wiktionnaire : Wikipedia, ça a du bon quand même !

On arrive maintenant à mon coup de cœur qui incarne selon moi l’avenir : le dictionnaire en ligne made in Wikipedia. Appelé simplement Wiktionnaire, il s’agit d’un projet qui est décrit comme uniquement “descriptif” et non “normatif” où chacun peut donc ajouter un mot dans n’importe quelle langue (dont le japonais) avec son étymologie, ses différents sens, des antonymes/synonymes, des phrases d’exemple… Comparé à Dictionnaire-japonais.com, cela apparaît comme beaucoup plus ambitieux.

Comme d’habitude, je vais prendre l’exemple de sensei. Je précise que je n’y suis pour rien dans la création de cette fiche mais que je pense la compléter dans les temps qui viennent (comme plein d’autres) :

Première remarque : on a dit “pas de norme” et il semble que cette consigne n’ait pas été prise en compte lorsqu’on lit la partie “note” ! Ah ah. En plus, celle-ci est de toute façon à nuancer car en primaire, il est fréquent que les instits se désignent eux même par sensei (et pas uniquement avec les élèves). Mais vous voyez sinon qu’il y a une partie étymologie bien distincte du reste, des synonymes et un joli tableau à droite avec les transcriptions et la prononciation en phonétique. Si cela vous chante, vous pouvez même accéder à la page de chaque kanji. Au niveau de la forme, je trouve ça personnellement très bien fait. Mais la fiche ne s’arrête pas là :

Et oui, en plus de la catégorie “nom commun”, ce mot a été classé dans les suffixes. Avec toujours la même note au passage qui cette fois-ci est pertinente puisqu’il est bizarre d’utiliser sensei comme suffixe avec un nom propre pour soi-même (comme san ou sama). Il va par contre falloir nuancer encore une fois la traduction puisqu’il s’agit simplement dans de nombreux cas d’une simple marque de respect (vous/monsieur). Je vous encourage donc à apporter les modifications nécessaires et d’indiquer si possible la source (sinon quelqu’un risque de recorriger derrière vous). En cas de désaccord, Wikipedia permet aux contributeurs de débattre et chacun a son mot à dire. On est cette fois-ci dans un rapport horizontal contrairement à Dictionnaire-japonais.com. Ce dernier est d’ailleurs cité pour une raison qui m’échappe.

Pour ce qui est du sens français-japonais, c’est un peu moins pratique puisqu’on ne peut pas choisir uniquement français-japonais. En traductions, on propose ainsi toutes les langues possibles et inimaginables. Voici ce que ça donne pour “poids” :

C’est moi qui ai ajouté le japonais jûryô (重量) car techniquement, c’est ce qui semble le mieux correspondre à la force exercée par la pesanteur. Mais bon, on peut aussi considérer que omosa convient tout comme jûryoku (重力) littéralement “force de la masse” que l’on traduit par “pesanteur”. En fait le problème ici, c’est que c’est très compliqué d’écrire une définition minimale correspondant à un seul mot de chaque langue. Souvent, une définition en français correspondra à plusieurs mots japonais et inversement. Rappelons que chaque culture a sa propre vision du monde ce qui se traduit dans les mots employés.

En conclusion pour ce Wiktionnaire, je dirais qu’en l’état actuel, il est encore incomplet car trop récent. Mais au fil des années, il va sûrement s’étoffer pour devenir probablement le meilleur dictionnaire japonais-français en ligne. Tout dépend de nous (contributeurs), l’idéal étant d’indiquer pour chaque mot les définitions traduites directement depuis un dictionnaire japonais-japonais ainsi que des phrases d’exemple. L’étymologie n’est pas toujours nécessaire, notamment pour des mots très concrets comme taijû. J’émets quelques réserves par contre avec le sens français-japonais pour les raisons indiquées au dessus.

Conclusions pour les dictionnaires en ligne de japonais

On a pu voir ici qu’il restait encore du travail pour obtenir un bon dictionnaire japonais en ligne pour francophones. Pour ce qui est de la partie français-japonais, WordReference semble actuellement proposer la meilleure solution si on l’utilise avec une extension comme Rikaikun/Rikaichan. Il contient certes des erreurs mais je trouve que comme base de données, il fait l’affaire même si moins exhaustif qu’un dictionnaire électronique.

Concernant le sens japonais-français maintenant, l’avenir repose selon moi sur les épaules de Wikipedia. Si chacun apporte sa pierre à l’édifice, on peut véritablement obtenir le dictionnaire ultime. J’y crois ! 😀
Pour ce qui est de Dictionnaire-japonais.com, le site me semble trop mal pensé en l’état pour obtenir quelque chose de viable.

3 réponses

  1. Bonjour,

    parmi les dictionnaires en ligne, je suis étonnée que vous ne mentionniez pas Jisho https://jisho.org/
    Certes c’est un dictionnaire japonais anglais et non français, mais il me semble vraiment très bien fait.

    Merci de votre retour, et merci pour votre blog 🙂

    1. Bonjour,

      Comme vous l’avez mentionné, ce comparatif a été pensé pour les dictionnaires japonais-français puisque beaucoup de personnes ne sont malheureusement pas à l’aise avec l’anglais.
      Si on regarde du côté des ressources anglophones autrement, il y a beaucoup de sites et applications similaires à Jisho.org.

      Après à titre personnel, je suis pas vraiment fan de l’interface du site avec des entrées incomplètes.
      Par exemple si je cherche 適当, j’obtiens ça : https://jisho.org/search/%E9%81%A9%E5%BD%93
      Cela manque cruellement de phrases d’exemple et même s’ils mettent une mention à Tatoeba (un autre projet open source spécialisé en phrases d’exemple), on n’arrive au final qu’à n’afficher qu’une phrase d’exemple (alors qu’ils indiquent qu’il y a 22 résultats). Alors oui, il est plutôt accessible avec la présence des furigana, mais j’ai toujours l’impression de voir un projet incomplet alors qu’il a plusieurs années maintenant.

      Pour les dicos japonais-anglais (ou anglais-japonais), j’avoue utiliser mon dictionnaire électronique en première intention (résultat instantanée avec des phrases d’exemple pour chaque sens du mot).
      Le seul problème des dicos électroniques (au delà du prix), c’est qu’on ne peut pas mettre les dicos internes à jour, ce qui fait qu’ils ne sont pas adaptés pour les néologismes.

      En ligne sinon, j’aime bien Weblio : https://ejje.weblio.jp/content/%E9%81%A9%E5%BD%93
      C’est déjà plus précis pour le même mot 適当, puis on a accès à 5000 phrases d’exemple juste en dessous. Après elles sont pas classées, mais je pense que les traductions données sont fiable dans l’ensemble.
      Par contre c’est plutôt destiné aux Japonais, d’où l’absence de furigana ou autre.

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