Les 指事文字 (shiji moji) — parfois écrits à tort 指示文字 ou 指字文字 — constituent une catégorie de sinogrammes formés pour représenter des concepts abstraits ou sans forme concrète. C’est-à-dire les notions de position, les nombres, les directions…
En plus du fait qu’ils soient abstraits, ces caractères sont également simples (un seul élément). Par conséquent, on parle d‘idéogrammes simples et ils diffèrent des 象形文字 (shôkei moji) qui eux sont des pictogrammes (imitation d’un objet réel). À noter qu’ils sont rares parmi les jôyô kanji (kanji usuels au nombre de 2136) puisqu’on en dénombre entre 10 et 30 en fonction de la méthodologie utilisée.
Principe de formation des shiji moji avec des exemples typiques
La formation d’un shiji moji est un peu plus complexe en théorie que celle d’un shôkei moji étant donné qu’on parle de concepts abstraits. Cela dit, la logique est sensiblement la même pour chaque caractère :
- On prend un élément visuel simple (barre horizontale, barre verticale…).
- On ajoute d’autres signes (points ou traits) pour indiquer un emplacement, un nombre… D’où la présence du kanji 指 (“pointer/indiquer”) dans 指事文字.
Par exemple, pour 上 (“haut”) et 下 (“bas”), on est parti d’une barre horizontale avec l’ajout de traits au-dessus (haut) ou en dessous (bas).
Il arrive aussi que l’on parte d’un pictogramme auquel on ajoute un trait. C’est le cas de 本 (“racine/fondement”) qui est un arbre 木 auquel on a ajouté un trait horizontal pour indiquer la racine.
Si on avait dessiné directement la forme de la racine, cela aurait été considéré comme un shôkei moji.
Concernant les chiffres 一(un)/二(deux)/三(trois), on est là encore dans le domaine de l’abstrait puisqu’une quantité ne peut pas être représentée fidèlement par un dessin.
Pour l’anecdote, 四 (quatre) est aussi classé parmi les shiji moji par la plupart des ressources étant donné que sa forme ancienne est 亖.
指事 ou 象形 ?
Comme ces deux classes étymologiques de kanji ont pour point commun de désigner des caractères simples, il arrive qu’il y ait des débats pour certains sinogrammes. Je suis notamment tombé sur cet article intéressant qui aborde les divergences de points de vue avec le kanji 立 (“être debout”). En effet, le Shin Kangorin (dictionnaire de kanji que j’utilise le plus à titre personnel) et le Kôkotsumoji Shôjiten (autre référence) le classent dans les shiji moji. En effet, on peut voir un individu qui se tient sur une surface plane (la barre horizontale en dessous).
Toutefois, le dictionnaire Kanji No Naritachi Jiten le classe parmi les shôkei moji tandis que le Kanjiten ne prend pas de risque avec la terminologie 象形指事 (shôkei-shiji). Il y a même trois autres ressources (dont le Kanjigen qui est assez reconnu) qui font le choix de le placer dans la catégorie 会意文字 (kaii moji “idéogramme composé”). Après tout, on peut voir une combinaison de deux éléments sémantiques (la terre + la personne debout).
Tout ça pour dire que cette classification étymologique a des limites comme la plupart des classifications et qu’il faut garder l’esprit ouvert ! 🙂
 
				