Petit fait amusant : avant-hier en répondant à otakusan93 sur le forum Kotoba, j’ai eu l’idée de vous parler du mot uranai (占い) pour aujourd’hui car sa question portait sur le symbole ☲ qu’on utilise apparemment dans certains types de divination. Puis ce matin, en regardant ma boite aux lettres, je tombe justement sur une brochure à propos de voyants où le kanji 占 apparaît en gros en plein milieu. C’est assez troublant d’être témoin d’une synchronicité pour une pratique qui repose beaucoup là-dessus. ( *∵* )
Origine du mot uranai et expression liée
On range le kanji 占 parmi les 会意文字 (kai moji), c’est à dire les caractères ayant des composants à caractère sémantique. Ici, le 卜 au dessus est censé représenter une craquelure (que l’on obtenait en faisant chauffer des carapaces de tortue par exemple) symbolisant l’acte de faire de la divination. Le symbole 口 n’aurait pas le sens habituel “bouche” mais indiquerait un élément ou un lieu selon le Kanjigen (dictionnaire de kanjis). L’idée serait donc de faire de la divination en pointant un élément ou un lieu (c’est assez vague, je sais). Concernant la prononciation uranai, elle provient à la base de ura (占) qui aurait un lien avec 心 (qui peut se prononcer aussi ura) car ils partagent le sens “intention/volonté qui n’apparaît pas en surface”.
Quoi qu’il en soit, notre ura (占) renvoyait à la base au fait de “questionner les intentions divines” (神意をうかがうこと shin’i wo ukagau koto). C’est un peu moins ambitieux que le terme “divination” puisque ce dernier correspondait plutôt à la “faculté de prédire la volonté des dieux” (latin dinivatio). Evidemment, on retrouve l’idée de prédiction derrière uranai puisque questionner les dieux sans réponse n’a pas grand intérêt. 占いが当たった (uranai ga atatta) : la prédiction s’est réalisée.
À propos, on gagne à tous les coups au Japon. C’est ce qu’indiquerait le proverbe 当たるも八卦、当たらぬも八卦 (ataru mo hakke, ataranu mo hakke). Traduction : avec le hakke, ça peut se réaliser comme ça peut foirer. Pour info, le hakke (八卦 litt. “huit figures de divination”) désigne directement le uranai. On emploie ce proverbe en général quand les prévisions ne sont pas bonnes histoire de rassurer le malheureux élu. “T’inquiète pas, il arrive aussi que ça foire donc bon…”. Afin de se moquer de se moquer un peu, on peut écrire uranai avec la forme 裏無い. C’est à dire “il n’y a pas (無い nai) de revers/partie cachée (裏 ura). En gros, il n’y a rien à en tirer et je précise que ce n’est pas moi qui l’ai inventé ! (`▽´)
Sources : ja.wikipedia (article assez complet), gogen-allguide (étymologie), Nihon Kokugo Daijiten (histoire du mot)