Le japonais dans tous les sens

Tateshakai (縦社会) : la société verticale, entre théorie et réalité

On entend beaucoup de témoignages d’étrangers qui tombent de haut en arrivant au Japon : ceci est un des effets de la tateshakai (縦社会) qu’on traduit par “société verticale”. Mais trêve de plaisanterie, regardons plutôt ce que signifie ce concept et comment ça se traduit dans la réalité.

Tateshakai : un mot encore récent mais un concept très ancien

Le mot tateshakai peut s’écrire tout en kanji 縦社会 ou bien avec tate en katakana, ce qui donne タテ社会. Il est assez récent puisqu’il vient directement de l’essai tateshakai no ningen kankei (タテ社会の人間関係) “les relations humaines de la société verticale” paru en 1967. Cependant, ce concept de “hiérarchisation des relations”  (jôge kankei 上下関係) remonte beaucoup plus loin et se repère dans la langue nippone même : par exemple, au sein de la famille, les termes “grand frère” et “grande soeur” s’écrivent en un seul mot, respectivement ani et ane. Ce qui sous entend que si vous voulez dire “ma sœur” ou “mon frère” en japonais, il faudra forcément préciser sa position par rapport à vous.

Chacun a donc d’office une place spécifique, ce qui implique de respecter des règles établies. Lorsqu’on est à l’école, c’est en général l’âge qui détermine la position, le senpai (l’ancien, l’aîné) qui est le plus âgé doit veiller sur son kôhai (cadet) qui doit en échange lui montrer son respect et l’écouter. Ce genre de relations s’aperçoivent surtout dans les différents clubs au sein des écoles car toutes les classes sont mélangées.  Et au sein de l’entreprise, ça se passe comment ?

Il va falloir suer pour arriver tout en haut de la société verticale !

Tateshakai et monde du travail, les abus rencontrés

Je tiens d’office à vous prévenir que le but n’est pas de dire quel est le meilleur système entre notre société horizontale (yokoshakai) et celle japonaise qui nous intéresse dans cet article. Chacune à ses défauts et ses qualités, l’une privilégie les prises de décision individuelles et une certaine liberté tandis que l’autre cherche plutôt la stabilité et à éviter les conflits sociaux. Je vais simplement pointer les problèmes qui peuvent apparaître en entreprise avec cette dernière, c’est à dire la tateshakai si vous avez bien suivi.

Pour commencer, être dans une position inférieure signifie qu’il est souvent très difficile de contredire votre senpai même si vous êtes certain qu’il fait une erreur. Cela peut être très problématique pour les métiers à risques comme dans le milieu hospitalier ou encore ceux liés à l’aviation. Il y a déjà eu des cas d’infirmières assistant à une erreur du chirurgien lors durant une opération et ayant fait le choix de laisser faire et regarder.

A contrario, certains profitent de leur position hiérarchique supérieure pour s’octroyer quelques privilèges et harceler leur kôhai. Le harcèlement n’est évidemment pas propre au Japon mais il est davantage visible et est généralement “accepté” par tous les membres du groupe qui choisissent de se taire. Je vous invite à lire un article intéressant à ce sujet où une française raconte son expérience lorsqu’elle était étudiante à la fac au Japon : japanteachingenglish.com (société verticale).

Sources : terashima-bunka (description de la tateshakai), ja.wikipedia

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