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Sakura (偽客) : les fleurs de cerisiers qui sentent bon l’arnaque !

Aujourd’hui, on aborde un mot piège puisque ce n’est sans doute pas celui auquel vous pensez. Je ne vais en effet pas parler des fleurs de cerisiers sakura (桜) mais d’une pratique qui porte le même nom consistant à tromper des gens.

Etymologie et définition du mot sakura

Sakura s’écrit souvent en hiragana さくら mais il existe également des kanji assez explicites : 偽客. Littéralement, cela donne le “faux (偽) client (客)”. Son origine remonterait au 17ème siècle avec l’explosion des shibaigoya (芝居小屋), les salles de théâtre japonaises. Afin de mettre un peu d’ambiance parmi les spectateurs, on employait des personnes chargées d’applaudir ou de pousser des cris de triomphe. Celles-ci portaient ainsi le nom de sakura (さくら).

Il existe plusieurs explications quant au choix de ce terme : d’une part, ces individus se faisaient brusquement remarquer pour s’éteindre tout de suite après dans la foule. Un peu comme les fleurs de cerisier qui sont très visibles par leur blanc éclatant mais éphémères. Une autre hypothèse est que ces faux spectateurs avaient la possibilité de regarder la pièce de théâtre gratuitement à l’instar des fleurs de cerisier que chacun peut admirer à sa guise sans payer.

Ce n’est qu’au 19ème siècle que le mot sakura prendra le sens de “faux client” (偽客) qui est encore actuel. A l’époque, les gérants des boutiques en plein air (rotenshô 露天商) employaient des gens qui se mêlaient aux autres clients. Ceux-ci achetaient volontairement des articles à un prix très élevé feignant l’enthousiasme de la bonne affaire afin de provoquer ce qu’on appelle “l’effet mouton”. Diabolique non ? 😀

Faites gaffe, des sakura sont peut être parmi vous !
Faites gaffe, des sakura sont peut être parmi vous !

Exemples de sakura de nos jours

Avec l’expansion d’internet, on a vu apparaître toutes sortes d’arnaques. Car oui, il est souvent très difficile voire impossible de distinguer un vrai client satisfait d’un sakura uniquement là pour faire vendre un produit. Sur les marketplace comme Amazon ou Rakuten, on peut ainsi trouver beaucoup d’évaluations d’articles factices. La mention “achat vérifié” peut être utile pour distinguer les vrais acheteurs mais est-ce suffisant ?

Un autre cas particulier au Japon cette fois est le phénomène croissant des faux enchérisseurs sur Yahoo Auction. Pour rappel, il s’agit d’un site d’enchère ressemblant à Ebay. Ce qu’on peut déplorer est que ce phénomène semble impossible à enrayer étant donné que l’anonymat des clients est une règle d’or. Celui qui créé un faux profil d’acheteur est donc insoupçonnable !

En dehors d’internet, on trouve encore bien évidemment d’autres utilisations de sakura : la création de fausse queue lors de l’annonce d’un nouveau produit (Macdonald en 2008), les faux spectateurs qui tentent de mettre un semblant d’ambiance lors de rencontres de catch…

Sources : Gogen-allguide (étymologie), ja.wikipedia (autres exemples de sakura)

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