Ah les surgelés, c’est pratique, ça se conserve bien, tout le monde est content ! Enfin, il ne faut pas s’extasier trop vite vu la teneur en graisse de certains plats… mais là n’est pas le sujet, on va parler des reitôshokuhin (冷凍食品) au Japon et de la polémique qui existe autour de leurs prix.
Que mange t-on comme reitôshokuhin au Japon ?
Reitôshokuhin s’écrit en kanji 冷凍食品 où 冷凍 (reitô) signifie “surgelé” et 食品 (shokuhin) “aliments”. On obtient ainsi littéralement “aliments surgelés”, pas de secret ici. Au Japon, c’est apparemment les jeux olympiques de Tokyo en 1964 qui ont été un tournant pour les surgelés. Au départ, ils n’étaient pas destinés à un usage familial mais étaient réservés enseignes de restauration, en particulier les family restaurant. C’est avec la vulgarisation des micro-ondes dans les années 1980 que les foyers japonais ont pu en profiter.
On retrouve sur l’archipel dans les rayons surgelés les produits qui ont aussi du succès en France. C’est à dire les pizzas, pâtes, nuggets, plats préparés… Leur originalité tient dans le fait qu’ils sont vendus en faible quantité dans des petites boites et que beaucoup de plats sont prévus pour les bentô (弁当). Il existe aussi de nombreux produits bien japonais : udon, râmen, gyôza, soba… Le choix est suffisant pour contenter à peu près tout le monde. On arrive maintenant à un point intéressant : le prix.
Des surgelés à moitié prix ? C’est une affaire, on achète !
Avant de parler de nos reitôshokuhin en particulier, il est bon de connaître une chose : il est courant dans les supermarchés sur l’archipel de voir des produits avec un prix réduit. Cela peut être un fruit ou légume avancé, un yaourt qui a sa date limite de péremption assez proche, du café, du pain… Et il arrive parfois que ça atteigne -50% où l’on peut voir alors les kanji 半額 (hangaku) littéralement “moitié prix”. Rien d’étonnant ici, on comprend que c’est pour éviter le gaspillage.
Mais ce qui peut par contre surprendre, c’est de voir cette mention “半額” affichée sur les rayons de produits surgelés. Moi au début, j’ai tout de suite pensé que ceux-ci devaient être consommés rapidement ou qu’il y avait une raison “logique”. En fait pas du tout, ça ressemble plutôt à une sorte de sagi (arnaque). Lorsqu’ils indiquent une baisse de prix, ils mettent un “tarif conseillé” qui s’écrit en japonais kibô kôri kakaku (希望小売価格) littéralement “prix de revente espéré”. On peut également trouver la variante sankô kôri kakaku (参考小売価格) qui revient au même.
Et il se trouve que la plupart du temps, ce tarif est totalement fictif. Oui, ce n’est pas une blague : le fabricant ne donne aucune indication dans la majorité des cas, on l’invente alors de toute pièce ! Le but est ainsi de pousser à l’achat en faisant croire aux clients qu’ils font une affaire. Cette pratique n’est pas unique aux reitôshokuhin mais ces produits sont particulièrement ciblés. En 2013, suite aux différentes plaintes de consommateurs, la pratique a légèrement diminué mais reste encore courante ou a évolué : on offre dix fois plus de points de fidélité à la place par exemple.
Les magasins qui ont arrêté ce tour de passe passe n’hésitent pas à se justifier, comme j’ai pu le voir dans un supermarché Daiei (novembre 2016). La preuve en image, c’est assez évocateur :
MAJ du 01/07/2017 : apparemment, ce supermarché Daiei s’est finalement aligné sur les autres. En effet, cette pancarte on ne peut plus claire a disparu et ils ont commencé à mettre des articles à -50%. En précisant bien évidemment que c’est basé sur “les tarifs conseillés par le fabricant” alors qu’ils avaient indiqué auparavant qu’on ne le connaissait pas (メーカー希望小売価格が分からないのに). La preuve en image :
Sources : choisira.com (explications avec d’autres exemples vus sur le net), matome.naver (quelques nuances apportées)