Le japonais dans tous les sens

Onara (おなら) : un pet qui fait du bruit

Et voilà, il fallait bien qu’on y arrive un jour : le mot pet en japonais. Enfin, il existe plusieurs termes mais j’ai choisi le plus commun et populaire : onara (おなら). On va voir grâce à son étymologie qu’il possède d’une part une dimension euphémique mais également qu’il ne désigne en réalité qu’un type de pet bien précis.

Étymologie du mot onara et définition

Onara s’écrit quasiment toujours en hiragana おなら et il est donc difficile de deviner à quoi il se réfère sans réaliser quelques recherches. Selon toute vraisemblance, il viendrait de la forme continue du verbe narasu (鳴らす “sonner/produire un son”) qui est narashi (鳴らし). On aurait ensuite apposé le préfixe o donnant onarashi (おならし) qui s’est raccourci en onara avec le temps.

Ce “on” est en réalité bien documenté puisqu’il s’agit de l’oeuvre des nyôbô (女房). Celles-ci étaient des “femmes de cour” qui ont créé un langage à part entière à partir du 14ème siècle, le nyôbô kotoba (女房言葉). C’est une sorte de jargon (ingo 隠語 “langage caché”) qui a pour objectif l’emploi de termes de substitution “plus convenus et raffinés”. En particulier pour ceux jugés honteux comme c’était le cas avec he (屁). C’est à dire le pet dans son sens le plus concret !  Beaucoup de mots de ce jargon féminin sont ensuite rentrés dans le langage courant et c’est le cas de onara.

S’agit-il d’un onara ou d’un sukashippe ? Image tirée du site http://www.laboiteverte.fr/bataille-pets-au-japon-en-1600/

Littéralement, cela donne ainsi “la chose qui sonne/fait du bruit“. Poétique non ? Onara wo suru (おならをする) : faire un pet. Ma traduction est techniquement incomplète puisqu’en réalité, je devrais rajouter “bruyant”. Car oui, c’est à ce type de flatulence en particulier que renvoie à l’origine onara et c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui dans une moindre mesure. En effet, pour les pets silencieux, on réserve plutôt le terme sukashippe (すかし屁). En français, on avait “vesse” mais celui-ci est tombé dans l’oubli. Enfin pas totalement puisqu’il compose le nom d’un champignon pétomane une fois mature, la fameuse “vesse-de-loup”. Comme ça, vous le saurez ! 😀

Sources : gogen-allguide (étymologie), ja.wikipedia (le nyôbô kotoba avec une liste de mots courants)

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2 réponses

  1. Merci pour vos explications très éclairantes mais avec la “forme continue” et non “continu”, ce serait parfait! Cordialement

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