Le japonais dans tous les sens

Ninniku (ニンニク/大蒜) : l’ail et la tolérance face à la difficulté

L’ail fait partie de ces aliments qui divisent pour deux raisons évidentes : la première est que son goût prononcé n’est pas apprécié par tout le monde et la seconde plus importante encore, c’est que ça donne mauvaise haleine. Et lorsqu’on veut éviter tout conflit dans le foyer, il vaut mieux s’abstenir. En japonais, on lui a donné le nom singulier de ニンニク (ninniku). Il serait d’origine bouddhique et vous allez comprendre pourquoi !

Origine du mot ninniku et consommation au Japon

Lorsqu’on cherche l’étymologie d’un mot japonais, on doit parfois traiter sa prononciation séparément de son écriture en kanji. Car cette dernière est parfois directement importée du chinois par convention et c’est le cas pour ninniku qu’on peut écrire 大蒜. Ici, on peut parler d’ateji car 大 ne se prononce jamais nin et pour 蒜, sa lecture chinoise est normalement san. En réalité, cette prononciation ninniku viendrait d’un mot à l’origine bien distinct, 忍辱. Il s’agit dans le bouddhisme de la tolérance face à la difficulté, notamment dans la pratique du Kshanti.

Vous me demanderez logiquement ce que peut bien faire l’ail ici. Déjà, il faut savoir que comme d’autres types de légumes à gousse jugés forts (ciboule, oignons de Chine…), sa consommation était interdite dans le bouddhisme. Apparemment, c’est parce qu’ils avaient la réputation de déchaîner les passions. D’après ce que j’ai pu lire ici et , il arrivait souvent que les moines bouddhistes en mangent en cachette, d’où cette association peut-être entre l’impossibilité de résister à la tentation et l’ail. On imagine bien qu’ils finissaient par se faire griller vu l’odeur, c’est pour ça d’ailleurs qu’on connaît ces cachotteries aujourd’hui pardi. ^^

J’espère qu’on ne trouve pas ce genre de tubes dans cette boite noire… oO

Quoi qu’il en soit, cette interdiction a probablement eu un lien avec sa faible consommation au Japon jusqu’au 20ème siècle. Même aujourd’hui, elle reste relativement faible : 300 grammes par personne par an en moyenne contre 6 kilos pour la Corée du Sud. Le plat qui est le plus cité est le 餃子 (gyôza) qui n’est pas japonais à l’origine pour rappel. Par ailleurs, en plus de ninniku, il existe le mot ガーリック (gârikku de l’anglais garlic) qui est très employé. Celui-ci fait davantage référence à la cuisine occidentale ou à l’ail manufacturé (sous forme de tube par exemple). On recommande de l’étaler sur le pain, ce qui est dégueulasse. Oui, j’assume. 😀

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