Le japonais dans tous les sens

Mushi (虫) : les insectes, ces êtres sans gêne et passionnés

Vous avez pu constater avec ce blog que j’aime bien décrire les mots qui se rapportent à la nature, ce qui inclut les êtres vivants dont les insectes. J’ai ainsi abordé le cas des chenilles (kemushi), des grillons (suzumushi), des cloportes (dangomushi), des longicornes (kamikirimushi)… Cependant, je n’ai étrangement pas présenté le terme le plus général pour désigner les insectes : mushi (虫).
Après un petit point sur son origine et son évolution, on va voir à quelles images il renvoie dans le langage courant.

Origine du mot mushi et expressions usuelles

Mushi s’écrit avec le kanji 虫 qui est décrit un peu partout comme un shôkeimoji (象形文字), c’est à dire qu’il est le dessin d’un objet concret. En l’occurrence ici un serpent enroulé. Je sais que ce n’est pas tellement ressemblant mais voici une illustration du très bon site huusenn pour que vous compreniez l’idée :

Ceci nous rappelle ainsi que jusqu’à l’époque d’Edo (1603-1868), le mot mushi avait un sens beaucoup plus large qu’aujourd’hui. Il regroupait ainsi tous les petits animaux sans poil à l’exception des oiseaux, mammifères et poissons. Donc on considérait les serpents, les limaces, les crabes et même les crevettes comme des mushi. Ce n’est que vers la fin du 19ème siècle avec l’influence de l’Occident qu’on a créé une catégorie à part pour les insectes avec le terme konchû (昆虫). Par la suite, mushi a évolué vers un sens assez proche de insecte même si beaucoup de japonais incluent volontiers les araignées ou les milles-pattes.

Par ailleurs, il existait diverses croyances sur les insectes et l’une d’entre elle repose sur le fait que le corps humain en contiendrait trois variétés. Cela a donné par exemple l’expression hara no mushi ga naku (腹の虫が鳴く). Littéralement “les insectes du ventre chantent”, elle fait référence au bruit de l’estomac annonçant la faim. Et lorsqu’on dit nante mushi no ii yatsuda (なんて虫のいいやつだ “Quel toupet celui là !”), cela correspond en fait aux insectes du corps qui sont dans une situation favorable (= いい) et qui n’en font donc qu’à leur tête. 😀

Aujourd’hui, d’autres images se sont ajoutées comme celle de l’insecte “absorbé dans quelque chose”. Le fameux rat des bibliothèques se traduit ainsi en japonais par hon no mushi (本の虫). J’aurais pu citer d’autres expressions car il y en a une bonne dizaine mais je n’ai pas envie de vous spoiler votre apprentissage du japonais. Hey ho ! 😀

Sources : Ja.Wikipiedia (généralités et expressions usuelles), Matome.naver (différences avec konchû)

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6 réponses

  1. jeu de mots.

    En remarquant que Mushi n’est pas très loin en français de Muji, la chaîne de magasins japonaise connue en France, je me demande si cette proximité phonétique s’entend aussi en japonais, et si les jeux de mots en général sont appréciés au Japon comme en France ?
    j’imagine que oui…

    1. Hmm… en fait en japonais, il y a tellement d’homophones qu’en général, les jeux de mots sont réalisés avec des mots qui se prononcent exactement pareil. Par exemple j’en ai fait un hier avec niko (二個 “deux…, numérateur d’objets). En préparant un riz au curry, je demande à ma femme si je mets 2 oignons ou non (tamanegi niko). Et elle me répond “oui, j’en mets toujours deux moi !”. Et là je lui réponds “à c’est pour ça que tu fais niko niko”. En japonais, niko niko suru = sourire. Bref, c’était tout pourri mais bon… oO.

      J’en avais parlé sinon dans l’article sur les oyaji gyagu : https://www.kotoba.fr/oyaji-gyagu/

  2. Malgré l’image du serpent, j’arrive toujours pas à voir la similitude entre 虫 et l’histoire du serpent qui senroule…Sinon toujours sympa à savoir.

    1. Cette histoire du serpent permet en tout cas de comprendre qu’autrefois, mushi correspondait un peu à une catégorie “fourre tout” où on incluait toutes sortes d’insectes/petits animaux ne faisant pas partie des oiseaux, bêtes à poils et poissons (鳥 魚 獣). Après la forme actuelle du kanji s’est simplifié avec le temps, il existe sur internet des articles parlant de l’évolution du kanji (même si c’est pas aussi “linéaire” que laissent croire les illustrations). Voici un exemple : http://www.ritsumei.ac.jp/image.jsp?id=61460

  3. Autres questions j’ai appris le mot grillon sous la forme “コオロギ ” étant donné que c’est en katakana se pourrait il qu’il soit tiré d’un mot étranger autre que la langue anglaise ?

    Suite à ça sais tu s’il y a une différence du coup entre “鈴虫” et “コオロギ” ?

    J’ai lu ton article en référence et je me dis que peut être le premier fait référence à une espèce/catégorie unique de grillon ceux à sonnette tandis que le deuxième lui le fait d’une manière plutôt générale non ?

    Merci pour les réponses.

    1. Bonjour,

      Alors bonne question. En japonais, les suzumushi font effectivement partie de la famille des コアロギ que l’on nomme simplement コアロギ科. Et comme l’article japonais sur les コアロギ科 met entre parenthèse “Gryllidae”, on peut vraisemblablement conclure que コアロギ科 = grillons.

      Maintenant dans le langage courant, on distingue les コオロギ des 鈴虫. Les premiers renvoient à une espèce bien commune au Japon tandis que les seconds à ceux qui font ce bruit carastéritique que l’on peut écouter dans l’article. Cet article en japonais donne une image de chacun des espèces : http://animalbattles.wealthyblogs.com/?p=5394

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