En français, le mot plainte renvoie au départ à un cri/gémissement de douleur ou de peine. Puis il est devenu une expression de mécontentement dont les Français sont apparemment friands. Toujours à se plaindre ! Aujourd’hui, c’est donc le mot kujô (苦情) qui va nous intéresser. Qu’est ce qui le caractérise et comment celui-ci est interprété au Japon ?
Analyse du mot kujô et emploi dans la vie quotidienne
Kujô s’écrit en kanji 苦情 où 苦 signifie ici “pénible” et 情 “émotion/sentiment”. On peut ainsi l’interpréter comme un “sentiment pénible”. Il faut savoir qu’à l’origine, ce mot avait pour signification nangi na jijou (難儀な事情). C’est à dire “une situation pénible/compliquée”. Puis par un glissement de sens, kujô a fini par décrire un “sentiment de mécontentement lié à une préjudice venant de l’extérieur”. Il désigne également à l’usage “l’expression de ce sentiment”. Kujô wo iu (苦情を言う) : se plaindre de quelque chose.
Mais attention aux contresens, il est question ici d’une plainte dans la sphère publique. Par exemple, un client dans un restaurant qui a remarqué une mouche dans sa soupe. Avec un ami qui se plaint de la manette cassée, on emploiera plutôt monku (文句). Afin de lever l’ambiguïté, on peut traduire kujô par “réclamation” dans certains cas. A noter qu’il existe aussi le mot kurêmu (クレーム) en japonais venant de l’anglais claim. A la différence de kujô, on l’utilise exclusivement quand il y a un rapport de force (client/vendeur par exemple). Si un voisin à vous n’a pas jeté son sac poubelle et que vous voulez prévenir un responsable, kurêmu sonne donc faux.
Au Japon, il n’est pas vraiment bien vu de venir pousser une gueulante lorsqu’on est mécontent d’un service. Vivant dans le Kansai, j’ai déjà été témoin une fois de ce genre de scène au restaurant mais c’est assez rare. A la place, on préfère téléphoner le jour même ou parfois le lendemain pour exprimer à froid ce qui n’allait pas. Chacun sa façon de s’exprimer ! 😀
Sources : chigai-allguide (différences entre kujô et kurêmu),