Le japonais dans tous les sens

Kankô (観光) : le tourisme, une histoire de prestige

Le tourisme est une activité devenue banale aujourd’hui. On oublierait presque qu’elle est relativement récente, notamment dans la langue française : la première apparition du mot “touriste” daterait de 1803 ! Et il a fallu encore plus de temps pour convenir de ce qu’était le tourisme, sa définition s’affinant jusque dans les années 1960. Qu’en est-il du japonais kankô (観光) ?

Origine et évolution du mot kankô

Kankô s’écrit en kanji 観光 où 観 signifie “voir/admirer” mais aussi “montrer” et 光 “lumière”. Sa première occurrence remonterait à l’année 1855 lorsque le shogunat Tokugawa décida de baptiser “Kankômaru” (観光丸) un navire offert par les hollandais. A l’époque, kankô était utilisé dans l’intention de “dévoiler le prestige (ikô 威光) du pays à l’étranger”. Il ne faisait pas partie du langage courant et son usage a longtemps été réservé à l’accueil de personnes importantes venant de l’extérieur.

Ce n’est que dans les années 1920 que kankô a été utilisé comme traduction officielle de l’anglais tourism. Et c’est vraiment avec la création du “bureau de l’industrie du tourisme international” (kokusaikankôkyoku 国際観光局) en 1930 que le mot s’est diffusé. Vous remarquerez qu’il est encore attaché au terme “international”, il faudra en effet attendre les années 1960 avant de parler de kokunaikankô (国内観光) “tourisme intérieur”.

Voici ce qu’on nous vend sans cesse lorsqu’on parle de tourisme au Japon… :p

Aujourd’hui, on trouve également le mot tsûrizumu (ツーリズム) venant aussi de l’anglais tourism. Et vous vous doutez bien que quand deux synonymes cohabitent, c’est que leur cadre d’utilisation diffère légèrement. Pour résumer rapidement, on réserve davantage l’emploi de tsûrizumu aux voyages liés strictement au plaisir ou ceux d’affaire. Alors qu’on privilégie kankô lorsque le but premier est de visiter ou de s’imprégner de la culture locale. A prendre avec des pincettes cela dit car cela évolue très vite et tsûrizumu semble davantage avoir la côte actuellement. Il suffit de voir les nombreux néologismes comme gurîn tsûrizumu (グリーンツーリズム) pour le “tourisme écologique”.

Sources : wikipedia (généralités et définitions), kotobank (évolution du mot)

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