Le japonais dans tous les sens

Découverte récente du mot 熟字訓 et mise à jour de deux articles

Vacances d’été obligent, cela fait un petit moment que je n’ai pas écrit d’articles sur le blog. Toutefois, avec l’écriture de mon livre, je ne me suis pas vraiment reposé et j’en ai même profité pour faire le plein de connaissances sur la langue japonaise. Récemment, j’ai découvert un nouveau terme qui m’a fait prendre conscience que j’avais écrit quelques erreurs. Il s’agit de 熟字訓 (jukujikun). Qu’est-ce donc ?

Définition du mot jukujikun

Jusqu’à maintenant, je pensais que le mot 当て字 (ateji) avait le sens très large de “composé de kanjis avec un usage détourné de ceux-ci”. Par exemple, dans le mot 倶楽部 (ku+ra+bu = kurabu= club), on a sélectionné les kanjis presque uniquement pour leur prononciation. Ici, pas de doute, on parle bien d’ateji. Toutefois, “usage détourné” étant assez vague, je croyais que ça marchait aussi pour l’inverse, c’est à dire un composé de kanjis sélectionnés uniquement pour leur sens auxquels on a attribué une prononciation inhabituelle. C’est pourquoi je vous avais expliqué que 悪戯 prononcé “itazura” au lieu de “akugi” entrait dans la catégorie des ateji.

Néanmoins, dans ce cas précis, on emploie plutôt le mot 熟字訓. Littéralement, il signifie “composé de caractères avec une lecture kun (sémantique)“. Pour information, la lecture kun dite aussi “lecture japonaise” correspond principalement aux mots de la langue orale qui existaient avant l’introduction des kanjis au Japon. En résumé, on l’utilisait pour traduire les mots chinois à l’écrit. Par exemple, le kanji de la montagne 山 = yama car yama signifiait “montagne” dans le langage oral de l’époque.
Sauf qu’un mot chinois pouvait aussi être composé de plusieurs kanjis (on parle de 漢語 kango). Dans ce cas, si celui-ci correspondait à un mot japonais, on pouvait lui assigner directement la prononciation japonaise. C’est le cas par exemple pour 大人 littéralement “grande personne” qui se prononce otona car ils signifient adulte à la fois en chinois et en japonais.

Le cas de itazura est intéressant car on l’utilisait dans un premier temps comme lecture kun du kanji 徒 pour ensuite opter pour 悪戯. Je vous laisse (re)découvrir pourquoi dans l’article associé que j’ai rectifié pour l’occasion.
Et afin de pousser le bouchon encore plus loin, j’ai également ajouté un paragraphe dans l’article sur 運命 (unmei) à propos de la lecture inhabituelle sadame. C’est un peu tordu mais étant donné que sadame n’est pas du tout la norme (comme l’est otona pour 大人), c’est plutôt considéré comme un ateji. Par contre, si sadame devient la lecture principale, on parlera alors de jukujikun. Vous avez suivi ? 😀

Conclusion

Pour résumer, on désigne par ateji soit un composé de kanjis choisis principalement pour leur prononciation (倶楽部 kurabu) soit un composé de kanjis avec une lecture inhabituelle et rare à l’usage (運命 = sadame, 地球 = hoshi…).

Le jukujikun quant à lui renvoie à un composé de kanjis que l’on lit avec une lecture japonaise mais dont on ne peut déduire cette lecture des kanjis respectifs. Ainsi, 大人 prononcé otona est bien un jukujikun mais 親指 prononcé oyayubi n’en est pas un. En effet, 親 se prononce habituellement oya et 指 yubi en lecture kun.

Voilà, c’était un article spontané et un peu HS par rapport à d’habitude. J’en profite pour vous annoncer que ceux habituels du blog reprendront lundi 5 août. D’ici là, portez-vous bien ! 🙂

Sources : kaijibunka (explications sur la différence entre ateji et jukujikun), ja.wikipedia (article Wikipedia japonais associé)

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