Le japonais dans tous les sens

Ito (糸) : un fil, c’est fin, c’est long et ça s’entortille

Tout le monde sait ce que c’est et pourtant, ce n’est pas simple de définir le mot “fil”. On peut par contre donner facilement ses propriétés : c’est long, c’est fin, ça peut être issu d’une matière textile ou encore métallique et ça s’entortille. On peut dire le mot japonais 糸 (ito) correspond à cela et il est difficile de trouver des contre-exemples. Qu’importe, on va quand même s’intéresser à son origine et à son évolution.

Origine du kanji de ito et évolution de son acception

Le kanji 糸 représente directement un fil mais qui est tissé/en tresse (撚糸 yori ito), un peu comme un scoubidou. Il a été assez simplifié car à l’origine, on l’écrivait 絲. Je ne suis pas certain que ce soit beaucoup plus clair pour vous, voici donc une illustration de son évolution :

Merci au blog Huusenn encore une fois ! 🙂

Le 古事記 (kojiki) qu’on considère comme le plus ancien écrit japonais (autour de l’an 700) y fait déjà référence. C’est assez proche du sens étymologique du kanji puisqu’il s’agit à l’époque du fil de coton ou encore de laine que l’on utilise pour tricoter. Mais rapidement, ce sont ses propriétés (forme longue et fine) qu’on a retenues pour désigner d’autres éléments de la nature. Par exemple, クモの糸 (kumo no ito) est littéralement le “fil de l’araignée” mais cela peut-être également la toile. Ce qui est logique d’ailleurs puisque lorsqu’on regarde le kanji, on a aussi l’idée de la structure tissée.

Selon le Nihon Kokugo Daijiten, c’est vers le 10e siècle que ito a ensuite désigné les fils des instruments de musique comme le koto. Ce qu’on traduirait en français par “corde“. 糸を張る (ito wo haru) : tendre sa corde (de violon par exemple). On peut aussi noter que durant le 15e siècle, les femmes de cours (女房 nyôbô) employaient aussi ce mot en tant qu’euphémisme pour désigner le 納豆 (nattô). Il est vrai que l’aspect filandreux de ce plat est assez marquant mais ce n’est rien comparé à son goût (no comment). Enfin pour conclure, j’en profite pour vous dire que notre mot du jour peut aussi être traduit par ficelle avec l’expression 陰で糸を引く (kage de ito wo hiku) = tirer les ficelles (dans l’ombre). Je me demande quelle langue a influencé quelle langue encore une fois… ^^

Sources : Kotobank (dictionnaires japonais), okjiten (étymologie du kanji), huusennarare (image d’illustration)

Edit du 20/06/2019 :

Suite à quelques remarques de votre part sur les réseaux sociaux (merci à vous !), j’apporte quelques précisions ici. Tout d’abord concernant le mot “toile d’araignée” en japonais, il existe d’autres termes plus précis qui sont クモの巣 (kumo no su “nid de l’araignée”) et クモの網 (kumo no ami “filet de l’araignée”). C’est ce dernier qui est le plus précis car le nid peut aussi désigner un trou (certaines araignées n’ayant pas de toile). Après réflexions, si 糸 peut aussi être traduit par “toile”, on peut penser que c’est également car on parle de fils au pluriel. Vu qu’il n’existe pas de marqueur récurrent en japonais pour le singulier/pluriel, on peut donc interpréter ça comme “les fils = toile”.

D’autre part, pour les instruments de musique, le mot ito est assez désuet de nos jours. Avec la spécialisation des instruments de musique, on emploie désormais 弦 (tsuru). Par exemple, ギター弦 (gitâ tsuru) = corde(s) de guitare. Voilà, désolé pour ces petites imprécisions, en espérant faire encore plus attention à l’avenir ! 🙂

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