Lorsque j’étais encore étudiant, quelqu’un m’a fait la remarque suivante : “tu n’as jamais remarqué que les noms de plats japonais sont souvent évocateurs ?”. Sur le coup, je n’ai pas su quoi répondre car cela ne m’avait jamais traversé l’esprit. On apprend souvent en effet des listes de vocabulaire sans trop s’intéresser à ce à quoi renvoie le mot en lui même. Aujourd’hui, on va se questionner autour de harusame (春雨) qui signifie littéralement “pluie de printemps”.
Origine et analyse du mot harusame
Harusame s’écrit donc en kanji 春雨 où haru 春 signifie “printemps” et ame 雨 “pluie”. Le “s” qui se trouve entre les deux est probablement une évolution naturelle car prononcer haruame semble plus difficile. A l’origine, ce mot désignait simplement une pluie silencieuse et douce qui tombe surtout au printemps. On dit aussi qu’elle est claire et tiède. Cela ne veut pas dire évidemment que l’on n’a pas de pluies torrentielles durant cette saison, C’est juste celle qui est la plus emblématique. Et c’est ainsi comme ça que harusame a été choisi naturellement pour décrire des nouilles claires rappelant ce type de pluie.

Ces nouilles blanches avant la cuisson puis transparentes dans le bol seraient d’origine chinoise et dateraient du 11ème siècle. On les appelait alors 粉絲 (littéralement “fils farineux/féculents”). Celles-ci sont en effet composées de fécules de patates/patates douces. Cependant, quand elles ont été importées au Japon autour du 13ème siècle, leur nom a rapidement été modifié par harusame. Il se trouve qu’au Japon, on porte davantage d’intérêt à la pluie et au beau temps. Enfin, surtout à la pluie, la preuve : il existe pas moins de 422 termes pour la désigner !
On retrouve ainsi le jargon lié au temps dans certains noms de plats ou encore pour décrire l’humeur de quelqu’un. Par exemple, kimochi ga hareru (気持ちが晴れる) littéralement “l’humeur s’éclaircit” signifie ” se sentir léger/sa rasséréner”. Pour revenir à nos harusame, leur aspect visqueux en rebutera plus d’un mais n’ayez crainte, cela n’a pas de goût particulier. Mais vous pouvez toujours décider de ne pas me croire ! 😀
Sources : yurai.lance3 (origine du mot), tabizine (à propos des japonais et du temps)
2 commentaires
On peut se moquer des noms de plats japonais, mais nous on mange bien des “cheveux d’ange”, pour reprendre quelque chose de similaire ^_^
Tiens, je ne connaissais pas ce plat ^^