Le japonais dans tous les sens

Comparatif des dictionnaires papier français-japonais/japonais-français

Personnellement, il y a bien longtemps que j’ai arrêté de consulter un dictionnaire en version papier. Tout simplement parce qu’ils sont encombrants en plus d’être particulièrement onéreux (pour les meilleurs). Cela dit, ils ont l’avantage d’être fiables pour certains, enfin ceux réalisés par des professionnels du moins. Et si vous voulez vous plongez la tête baissée dans les études sans être distrait par un écran, ils ont leur utilité ! 🙂

Avant toute chose, j’aimerais prévenir afin d’être le plus transparent possible qu’il y a des liens d’affiliations Amazon pour les dictionnaires papier dans ce guide. Ceux-ci n’ont cependant pas vraiment influencés mon appréciation pour chacun car comme vous allez le remarquer, j’ai été très (trop ?) critique envers la plupart. Disons que vous êtes libre de cliquer dessus et ensuite d’acheter autre chose sur Amazon si vous voulez soutenir le blog (je récupère une commission même dans ce cas là).

Voici donc un comparatif réalisé avec les échantillons des dictionnaires que l’ont m’a envoyés. Je tiens à remercier à ce sujet Geneviève Deliry,  Ma’-chan, Cecile Levraud, Robert Ulysse Chtoulou, Francis Golly, Anne Garsuault et mon ami Aurore. Sans ces personnes, l’écriture de ce guide n’aurait pas été possible ! 🙂

Sommaire :

Protocole de test

Assimil Dictionnaire Japonais
Les dictionnaires japonais de la librairie You-Feng
Le Petit Fujy Diko
Le Dicoyama
Le Jisho 01 et 02
Dictionnaire Japonais-Français Concorde (et autres dictionnaires destinés aux japonais)
Bonus : Le dictionnaire intégré à la Kindle d’Amazon

Conclusion

Protocole de test

Afin de comparer tous ces dictionnaires sur un point d’égalité, j’ai choisi arbitrairement ces mots :

  •  sensei (先生) : comme on l’avait vu dans l’article, il s’agit d’un terme très ancré dans la culture japonaise. Il signifie certes “professeur/enseignant” dans son sens premier mais s’utilise aussi couramment comme titre pour certains corps de métiers (médecins…). Un bon dictionnaire devrait selon moi indiquer au minimum ces deux significations.

  • taijû (体重) : bien qu’on le traduit naturellement par “poids”, il est important pour moi de préciser que ce n’est pas n’importe lequel. Le japonais est parfaitement clair ici, c’est uniquement celui du corps (karada 体). J’attends donc qu’un dictionnaire précise “corporel/du corps”.

  • poids : là c’est uniquement pour les dictionnaires comportant une partie français-japonais. J’ai choisi “poids” vu qu’il est polysémique et qu’il possède des sens concrets (poids d’un corps/objets, poids d’étalonnage pour balances…) et abstraits (poids d’un argument, poids des années…). C’était aussi pour vérifier si taijû était bien indiqué car il s’agit d’un mot très courant.

Pour le fun, j’avais aussi demandé si le dictionnaire contenant le mot yosoyososhii (よそよそしい “froid/distant”). Tout simplement parce que le dictionnaire payant de la Kindle ne le contenait pas. J’indiquerai donc juste à la fin s’il est présent ou non mais je vous expliquerai dans la conclusion en quoi cela n’a pas vraiment d’importance selon moi.

Je vous avais également demandé l’introduction des dictionnaires afin d’essayer de comprendre le but de leur écriture et le public visé. Je vais l’aborder rapidement pour certains dictionnaires lorsque j’estimerai que c’est pertinent.

Assimil Dictionnaire Japonais

Edition de 2013 à gauche et celle de 2009 (Assimil Kenerman) à droite. A priori, les changements sont minimes entre les deux. Les échantillons viennent de l’édition de 2009.

Entre nous, j’ai toujours eu un apriori négatif sur l’entreprise Assimil. J’en ai en effet l’image de méthodes pour “grand public” promettant monts et merveilles mais avec un contenu très limité. Pourtant, il faut reconnaître que ce dictionnaire Assimil japonais en a du contenu : 24 000 entrées et 135 000 mots avec attention, 35 000 exemples d’utilisation. Sur le papier, ça a l’air plutôt prometteur.

Avant de m’attaquer au dur, j’aimerais pointer un défaut plutôt gênant : la transcription hasardeuse en rômaji. Par exemple pour le mot sensei, ils ont choisi sensee. Je précise qu’il n’y a pas qu’une seule manière de transcrire en rômaji. J’utilise pour ma part la méthode Hepburn (celle qu’on voit à la fac), c’est à dire し shi ou ち chi. Avec une autre méthode comme celle Kunrei-shiki, c’est respectivement si et ti.

Cependant, malgré quelques recherches, je n’ai pas trouvé une méthode connue qui transcrit えい en ee ou encore おう en oo comme c’est le cas ici. Le principale problème de ce choix, c’est que cela peut créer la confusion. Surtout pour le えい en fait puisque avec la méthode Hepburn, c’est ei tandis que ええ devient ee. Ici, que ce soit えい ou ええ, c’est toujours ee. Donc pour un débutant qui est habitué à la graphie “conventionnelle”, cela peut être gênant. Heureusement, il y a la transcription en kana à côté qui est là pour lever le doute.

Venons en maintenant au principal, à savoir les traductions et explications proposées pour chaque mot. Comme vous pouvez le voir avec sensee (pour reprendre leur écriture) en haut à droite, c’est plutôt complet. Ils indiquent en effet à la fois qu’il signifie professeur/maitre(sse) mais aussi que c’est un titre (pour les médecins et députés par exemple) et qu’il peut servir de suffixe (tanaka sensee). Les phrases d’exemple et mots composés me semblent être pertinents et correctement traduits.

On passe à la partie français-japonais avec poids sur la gauche. Déjà hasard ou non, il y a une coquille vu qu’ils ont indiqué achijuu ga fueru au lieu de taijuu ga fueru. A noter qu’il s’agit de l’ancienne édition de 2009, peut être que ça a été corrigé pour celle de 2013. Bref, on voit en tout cas qu’ils ont bien pensé à donner les différents sens concrets et abstraits de poids : ce que pèse qqn ou qqch, le poids lourd, effet pénible et importance.

Par contre, on remarque que pour le sens 1, ils proposent en vrac les mots omosa (重さ),  juuryoo (重量) et taijuu (体重). Cela oblige donc à chercher ensuite chacun des termes dans le sens japonais-français. Ainsi, lorsque l’on recherche taijuu par exemple, on a bien “poids du corps” (à droite).

Pour résumer, ce dictionnaire Assimil de japonais semble finalement très correct si on oublie ce choix concernant la romanisation. Les mots sont plutôt bien décrits avec des phrases d’exemple pertinentes. A titre personnel, j’aurais aimé avoir des petites indications d’usage à la place des rômaji. Mais bon, c’est un détail. À noter qu’il ne contient pas le fameux mot yosoyososhii.
Autre chose : avec ses 1280 pages, il ne tient pas vraiment dans la poche. Eh oui, on ne peut pas tout avoir ! Concernant son prix, il est plutôt honnête vu qu’il est proposé à 22,90€ sur Amazon (lien du dessus).

Les dictionnaires japonais de la librairie You-Feng

Pas d’amalgame, pas d’amalgame ! Pourtant ici, je m’autorise à en faire un. Tout simplement parce que les dictionnaires de japonais venant de cette “librairie/éditeur” ont un point en commun : ils sont tous médiocres voir mauvais ! :S

Je vais quand même vous présenter ici les scans venant des ouvrages “Dictionnaire Thématique Japonais-Français“, “Petit Dictionnaire Japonais-Français (Avec transcription phonétique japonaise en lettres latines)” et enfin “Dictionnaire Japonais-Français & Français-Japonais (Joël Perrin/Viviane Wenqian Perrin). A chaque fois, je vais m’efforcer de respecter cet ordre dans leur description. On commence donc avec le mot sensei :

Alors un petit mot sur le dictionnaire thématique (gauche) déjà puisque comme son nom l’indique, il classe les mots par thème. L’idée paraît pas forcément mauvaise, encore faut-il que ce soit bien fait. Ici, les mots et expressions sont organisés un peu n’importe comment en plus d’être également traduits n’importe comment. Par exemple, daigaku sensei (大学先生 littéralement “professeur d’université”) est traduit par “universitaire”. Puis même le choix des mots est étrange, on n’emploie quasiment jamais shôgaku sensei (小学先生) pour la maîtresse d’école mais plutôt shôgakkô kyôshi (小学校教師) ou bien shôgakkô no sensei (小学校の先生) par exemple. Bref, on sent que cela a été fait sans véritable réflexion ni réelle connaissance de la langue japonaise.

On passe maintenant à l’ouvrage du milieu, le Petit Dictionnaire Japonais Français. On remarque déjà le choix discutable de transcrire せんせい par sensē en rômaji au lieu de sensei. Comme pour l’Assimil, je pense que cela peut créer la confusion. Mais ce dictionnaire va plus loin puisqu’il donne quelques traductions pêle-mêle (instituteur; maître d’école; professeur) sans phrases d’exemples ni indications d’usage. On remarque que c’est un peu plus complet pour d’autres mots comme sensaku au dessus mais cela reste beaucoup trop vague et succinct.

Le constat est presque identique pour le dictionnaire de droite sauf pour la romanisation qui semble bonne. Il donne lui deux traductions de plus qui sont docteur et maître. Mais bon, cela ne change rien au fait que sans indication linguistique ni exemples d’utilisation, on est un peu paumé. Il est indiqué dans la préface qu’il s’adresse “non seulement à des étudiants mais aussi à des lecteurs avertis”. On aurait aimé que les rédacteurs se mettent un peu à la place de ces étudiants justement…

Allez, on passe maintenant à taijû qui n’était apparemment pas présent dans le dictionnaire thématique. Enfin bon, vu sa médiocrité, cela ne me surprend pas vraiment. 😀

Pour ce mot, c’est déjà mieux puisqu’il est proposé “poids (de son corps)” ou bien “poids du corps”. Cela parait certes évident mais vous allez voir par la suite que ça ne l’est pas pour d’autres ouvrages. 😀
Le dictionnaire de droite indique également le pèse-personne taijûkei (体重計), ce qui n’est pas une mauvaise idée.

On arrive donc enfin à “poids” que seul le Dictionnaire Français Japonais & Japonais Français propose étant donné que les autres n’ont pas de sens français-japonais. Je mets en bonus le mot yosoyososhii qu’il est le seul à référencer parmi les trois :

Alors là, plusieurs choses m’étonnent. La première, c’est d’indiquer fundô (分銅) avant taijû. Pour info, ce fundô correspond à un objet qui est le poids d’étalonnage (500 grammes, 1 kilos…). C’est donc à priori un mot qui n’est presque jamais employé et surtout pas par un débutant. En plus de ça, l’indication “balance” est beaucoup trop vague, je n’avais pas fait le lien tout de suite pour ma part. Enfin, je n’ai pas compris non plus ce que venait faire ici jûatsu (重圧) qui correspond effectivement à la pression comme indiqué.

On aurait préféré avoir un sens plus abstrait comme le poids des arguments par exemple. En résumé, on sent qu’ils n’ont pas vraiment pensé aux apprenants, on balance des mots et hop, advienne qui pourra ! Pour le yosoyososhii, il est certes traduit correctement mais sans indication d’usage ni phrases d’exemples, ça n’a aucun intérêt encore une fois, autant avoir recours à un traducteur automatique.

Pour conclure avec ces trois dictionnaires, je dirais qu’ils flirtent entre le médiocre et le mauvais (surtout le thématique). Je ne vous les recommande donc pas malgré leur faible prix (. Autant télécharger consulter un dictionnaire en ligne à ce niveau, cela vaudra mieux pour votre portefeuille. Ce qui est incroyable, c’est qu’il y a bien pire. J’ai nommé “Le Petit Fujy Diko Français-Japonais”. Accrochez vous bien, ça va secouer !

Le Petit Fujy Diko Français-Japonais Japonais-Français

Première remarque : l’éditeur de cet ouvrage s’appelle Kotoba mais je n’ai strictement rien à voir avec lui. D’ailleurs quand j’ai créé ce blog, je me suis demandé ce que valait ce dictionnaire. Là j’ai eu ma réponse et c’est… consternant.
Contrairement aux livres de la librairie You-Feng, lorsqu’on cherche ce dictionnaire Petit Fujy, on tombe en général sur des avis positifs. Malgré son format de poche, il serait très complet et facile d’utilisation. A ce sujet, je n’hésite pas à vous citer un extrait de la préface écrite par le président de Renault et de Nissan Carlos Ghosn en personne :

“Depuis 20 ans, ce petit dictionnaire élaboré par une équipe franco-japonaise s’est continûment enrichi, modernisé et adapté aux besoins concrets de ses utilisateurs. Bien pensé et astucieusement conçu, il réussit l’exploit d’être à la fois complet, simple et facile d’usage”

Je précise qu’il s’agit de la 7ème édition sortie en 2007 et qu’il en existe une 8ème aujourd’hui. Les changements concernent principalement des coquilles, considérez donc que la dernière édition est quasi identique à celle du test. Afin d’aller plus vite, j’ai regroupé les trois mots en un seul scan :

Première remarque sur la forme : en plus de proposer une romanisation bancale comme un おう devenant oo et même des accents aigus (tékubi au lieu de tekubi), ce Petit Fujy fait l’exploit de passer outre les kana en n’indiquant que l’écriture en kanjis (quand c’est possible). C’est tout simplement parfait pour le débutant cherchant à faire le plus de confusions possibles. On aurait pu cela dit faire pire en ne proposant que les rômaji ou que les kanjis. Allez, il y a encore de la marge !

Ensuite, c’est également le premier à ne pas mentionner “du corps/corporel” pour la traduction de taijuu. Après tout, c’est évident quand on connait les kanjis, le débutant passe à la trappe et tant pis pour lui. Franchement, je ne m’attendais pas à tomber sur un dictionnaire ne l’indiquant pas et je m’étais malheureusement trompé.
Pour sensei maintenant, vous n’aurez droit qu’à la traduction “professeur, maître (sse)”. Le minimum vital quoi, du balais les médecins et autres professions. Pour rappel, le terme sensei désignait un titre avant de signifier de manière générale “professeur/enseignant”.

On finit avec le mot poids et là stupeur, on retrouve encore le fameux fundô (écrit fundoo). Il semble que ce soit les rédacteurs de ce dictionnaire qui aient eu l’idée en premier. En effet, ceux de la librairie You-Feng avouent s’être inspirés d’autres dictionnaires. Mais ce petit Fujy fait encore mieux en ne présentant pas taijû. C’est vrai qu’en y réfléchissant bien, on aborde plus souvent le sujet des poids d’étalonnage que celui du corps humain. A noter qu’avec qu’après la mention autorité, ils proposent les mots ken’i (権威) et eikyooryoku (影響力). C’est à vous de choisir entre celui qui sonne le mieux en somme !

Cerise sur le gâteau, il n’y a même pas le mot yosoyososhii dis donc. Evidemment c’est un détail ici.
En résumé, ce dictionnaire est tout simplement une honte absolue et je pèse mes mots. Ceux qui en disent du bien ne l’ont soit jamais eu en main, soit ont une raison intéressée pour le conseiller. C’est en tout cas le pire de la liste avec le Thématique. 🙁

Le Dicoyama français-japonais et japonais-français

On continue notre périple avec un dictionnaire assez méconnu qui porte le nom sympa de Dicoyama. Yama signifiant “montagne”, on a donc un joli dessin du mont Fuji à l’arrière. Pourquoi pas ! 😀
Comme pour le petit Fujy, il s’agit d’un dictionnaire de poche. On va voir s’il fait mieux avec les différents mots de test :

Déjà on remarque que là aussi, le choix a été fait de faire l’impasse sur les kana (quand c’est possible). C’est probablement pour des contraintes de places mais cela reste une mauvaise idée selon moi. Le Dicoyama s’en sort un peu mieux puisqu’il adopte la romanisation “standard” (méthode Hepburn pour rappel). Celle-ci n’est pourtant pas parfaite puisque おお et おう se transcrivent de la même façon, c’est à dire ô. Donc pour celui qui n’est pas à l’aise avec les kanjis, c’est bien d’avoir aussi les kana à côté.

Sinon, je n’ai pas grand chose à ajouter si ce n’est que c’est pas terrible encore une fois. On a droit à uniquement “institueur, professeur, maître” pour sensei et ils indiquent seulement “poids” pour taijû. On trouve cela dit quelques exemples d’usage comme taijû wo hakaru (se peser) mais ça manque clairement d’explications. Et pareil concernant les traductions proposées pour poids, on a carrément omori (錘) ici qui est un terme encore plus rare que fundô. Et pas de taijû bien sûr ! 😀
Bref, je me répète mais cela ne présente aucun intérêt de référencer des mots s’il n’y a aucun exemples d’usage ni indication.

A noter qu’il a quand même le mérite de contenir notre fameux yosoyoshii en proposant aussi la traduction “froid, distant”. C’est toujours mieux que rien ! Pour résumer, il est un peu mieux que le Petit Fujy mais reste selon moi trop moyen. Ca pouvait passer avant l’arrivée d’internet mais il faut se tourner vers autre chose désormais.

Le Jisho 01 et 02 : Dictionnaire Français-Japonais et Japonais-Français

On retrouve ici un dictionnaire appartenant à la même édition que le Dicoyama, c’est à dire “Nouvelle Ecole”. Il s’agit une nouvelle fois d’un format de poche avec un dictionnaire pour le sens français-japonais (01) et un autre pour le japonais-français (02). Voyons voir s’il se démarque des autres :

Pour la partie japonais-français, il n’y a apparemment aucune différence avec le Dicoyama pour les mots sensei et taijû du moins. Par contre pour le sens français-japonais, il y a du changement. On a en effet trois entrées cette fois-ci pour poids : “lourdeur”, “pour balance” et “importance”. C’est certes un peu plus explicite mais ça ne change strictement rien au final. On n’a aucune idée de la façon d’utiliser ces mots et au passage, taijû n’est même pas répertorié. Un comble quand même…

Bref, même constat que pour ses camarades, c’est médiocre/mauvais. Désolé d’être redondant, on va passer cette fois-ci à quelque chose de radicalement différent. J’ai l’honneur de vous présenter le Dictionnaire japonais-français Concorde ! 🙂

Dictionnaire japonais-français Concorde

Ce dictionnaire est totalement différent de tout ceux présentés précédemment pour une raison simple : il est prévu pour les japonais. Ainsi, son introduction et sa préface sont en japonais. Et inutile de vous dire qu’il n’y a pas de rômaji et qu’il faut au minimum connaître ses kana pour le lire. Enfin, on va voir qu’il faut même connaître les kanjis et vocabulaire de base. Donc si vous êtes débutant, vous pouvez passer votre chemin ! Voici les scans pour les mots senseitaijû et yosoyososhii :

Là vous voyez que pour せんせい (先生), c’est assez complet ! Ce que j’apprécie, c’est qu’on a les traductions “monsieur/madame/mademoiselle”. Car comme je l’avais expliqué dans l’article concerné, sensei est avant tout une marque de respect. En français, l’appellation “vous” ou encore “monsieur/madame” correspondent bien à cet effet voulu. Le problème, c’est que si on est pas à l’aise avec les indications en japonais, c’est quasiment illisible. Autre chose : on n’indique pas clairement que c’est un titre honorifique (keishô 敬称) étant donné que c’est évident pour les japonais.

Pour たいじゅう (体重), il est bien précisé “du corps” avec des phrases d’exemple à côté. Encore une fois, il faut vraiment avoir un niveau confirmé en japonais, je dirais autour du JLPT N3/N2, ce qui n’est pas rien. Pour よそよそしい enfin, on trouve des phrases d’utilisation en plus des traductions froid/indifférent/distant/peu cordial.

En conclusion, ce dictionnaire Concorde est pas mal du tout encore faut-il maîtriser un minimum le japonais. Du coup, c’est assez paradoxal mais j’ai envie de dire qu’il ne sert pas à grand chose pour nous francophones. En effet, lorsqu’on atteint un certain niveau de japonais, le mieux est d’utiliser un dictionnaire japonais-japonais pour une meilleure compréhension. Néanmoins, si vous êtes traducteur par exemple, ça peut être toutefois utile. Car c’est pas toujours évident de trouver le mot français adéquat quand on a uniquement une définition en japonais.

J’aurais pu faire le test avec d’autres dictionnaires destinés aux japonais reconnus comme le Petit Royal, le Concise et le Crown. Mais la conclusion aurait été la même, à savoir qu’il faut avoir une bonne maîtrise du japonais pour en profiter pleinement. Néanmoins, je les ai testés sur d’autres bases dans le guide sur les dictionnaires électroniques. Car en format numérique, la donne change un petit peu : il est en effet possible de vérifier rapidement le sens de chaque terme technique donc je pense qu’on peut s’en tirer avec un niveau moyen. Il faut s’armer de patience toutefois. ^^

Bonus :  Le dictionnaire japonais intégré à la Kindle d’Amazon

Si jamais vous êtes un lecteur assidu et que vous avez un peu la flemme de sortir un dictionnaire lorsque vous tombez sur un mot inconnu, il existe une solution simple : utiliser une liseuse avec un dictionnaire intégré. Comme je ne possède que la Kindle d’Amazon, c’est uniquement d’elle dont il sera question ici. Cela va aller assez vite vu qu’il n’existe pour le moment qu’un seul dictionnaire japonais-français pour ce support.

Le dictionnaire japonais-français (payant) de Jean-Christian Imbeault

Alors qu’on peut obtenir un dictionnaire japonais-anglais gratuitement et facilement (il s’installe automatiquement lorsqu’on télécharge un ebook en anglais et en japonais), il faut malheureusement payer pour le français. Le prix demandé étant très faible (3,99€ au moment où j’écris ces lignes), j’ai décidé de me sacrifier pour vous avec ce dictionnaire de Jean-Christian Imbeault. Comme l’auteur l’indique, il y a environ 15000 entrées avec 20 000 exemples de phrases. C’est peu par rapport au dictionnaire papier Assimil et ses 24000 entrées. On va voir comment il s’en sort avec les fameux mots tests et je vais débuter par sensei :

Alors trois choses à noter. La première, c’est qu’il est assez limité vu qu’il ne propose qu’une seule définition comme les mauvais dictionnaires papier qu’on a pu admirer. La seconde, c’est qu’il y a certes des phrases d’exemple mais qui sont d’une en kanjis (super pour les débutants…) et qui sont en plus bien trop complexes. Enfin surtout la première phrase, je vous laisse admirer la longueur ! On peut aussi noter qu’elle est traduite avec le mot “enseignant” qui n’est pas indiqué au début (instituteur; maître; professeur). La troisième chose, c’est qu’il m’a étrangement rappelé un dictionnaire en papier en particulier. Il s’agit du Petit Dictionnaire Japonais-Français de la magnifique librairie You-Feng. On va confirmer cette hypothèse avec le mot taijû :

Bingo, c’est exactement la même traduction au mot près : poids (de son corps). C’est peut être un hasard mais j’ai un peu du mal à y croire. Bref, il faudra demander à l’auteur de s’inspirer d’un autre dictionnaire la prochaine fois… :D.
Quoi qu’il en soit, ce dictionnaire ne vaut même pas son prix de 3€. Mal pensé et trop limité, il peut servir pour dépanner mais c’est tout. A noter que c’est avec ce dictionnaire que je vous avais demandé pour le mot yosoyososhii. En effet, ce dernier n’y est pas référencé, tout comme dans celui de la librairie You-Feng. Quel hasard…

Conclusion concernant la Kindle

A l’heure actuelle, c’est donc la misère concernant les dictionnaires japonais-français pour la Kindle (et probablement pour toutes les liseuses). Néanmoins, j’aimerais attirer votre attention sur le fait qu’il existe un onglet Wikipédia sur les photos. Quand je vais dessus, ça me met soit un message d’erreur soit ça m’envoie directement sur la Ja.Wikipedia (version japonaise) quand le mot dispose d’une page pour lui tout seul. Néanmoins, peut être qu’il est possible d’effectuer un bidouillage pour arriver directement sur Wiktionnaire. Et là ça commencerait à devenir intéressant, à moins d’avoir une connexion internet évidemment.

Par ailleurs, si vous maîtrisez l’anglais, le dictionnaire japonais-anglais intégré (Shogakukan Progressive Japanese-English Dictionary) est de bien meilleure facture avec beaucoup plus d’entrées et de phrases d’exemples. Le problème étant juste que les explications restent en japonais vu qu’il est prévu pour les japonais. Enfin, si vous maîtrisez bien le japonais (au moins JLPT N2 grosso modo), le dictionnaire japonais-japonais intégré fait parfaitement l’affaire. En tout cas concernant tous les livres que j’ai pu lire en japonais (Konbini par exemple), il m’a été bien utile.

C’est pourquoi je recommande tout de même l’achat d’une Kindle si vous souhaitez lire des ouvrages en japonais pour ceux qui ont un bon niveau. L’aspect pratique et le confort de lecture sont en effet indéniables.

Conclusion pour les dictionnaires papier français-japonais et japonais-français

Au final, ce dossier aura mis en lumière une chose :  les dictionnaires papier de japonais pour débutants francophones sont quasiment tous mauvais. On pourra certes leur trouver comme excuse des contraintes de place et donc l’impossibilité d’être trop explicite. Cependant, c’est rarement leur seul défaut et surtout, il vaut mieux ne rien sortir que mettre un ouvrage trop vague. Surtout que depuis l’arrivée d’internet, on peut se passer des dictionnaires papiers. En particulier s’ils sont médiocres !

Un mot sur yosoyososhii : étant donné qu’il s’agit d’un terme relativement rare, j’estime que ce n’est pas très grave s’il n’est pas répertorié dans un dictionnaire pour débutant (comme le Assimil). Pour moi, le plus important ici, c’est surtout la qualité et le référencement des mots les plus employés. Cela vaut surtout pour la partie japonais-français car arrivé à un certain niveau, on se tourne vers un dico japonais-japonais. En particulier pour des mots abstraits qui nécessitent davantage d’explications qu’une simple traduction pour être parfaitement compris.

Bref, le seul ouvrage destiné aux débutants que je trouve plutôt bon pour le moment est donc le Dictionnaire Assimil Japonais. Et croyez moi, je n’aurais jamais cru dire ça une semaine auparavant tant j’avais un apriori négatif sur cette boite. A prendre avec des pincettes du moins car je n’ai jamais eu le dictionnaire en main. Il s’en sort très bien en tout cas sur les mots de test (que je n’ai pas choisi pour lui faire plaisir, je vous jure ! oO).

9 réponses

  1. Merci beaucoup pour toutes ces informations à propos de dictionnaires français-japonais. Vous m’avez évité une perte de temps et d’énergie considérable. ^^’ Ironiquement ça résume mon malaise des dictionnaires disponibles en ligne, j’avais naïvement nourri l’espoir de trouver mieux dans les versions papiers.

    1. Oui, c’est sûr que les dictionnaires papier français-japonais pour francophones ne sont pas franchement mémorables (pour être poli oO).
      Je sais pas après comment on peut l’expliquer, peut-être qu’il y avait trop peu d’expert en lexicographie jusqu’à ces récentes années et comme les dictionnaires papier n’ont plus vraiment la côte aujourd’hui, c’est probablement devenu trop risqué d’en sortir un. Au Japon, les Petit Royal sont encore mis à jour (lentement) car il y a une 5ème édition (dans le sens français vers japonais) sortie en août 2020. Mais bon encore une fois, il faut être déjà très à l’aise avec la lecture des kanjis pour pouvoir l’utiliser normalement…

  2. Bonjour, pour ma part je me suis tourné vers des dicos Japonais-Anglais/Anglais-Japonais. Les mieux notés par les utilisateurs semblent être ceux-ci :
    Random House Japanese-English English-Japanese Dictionary (+ de 50.000 mots et expressions) de Seigo Nakao (grand format – ISBN 978-0679780014 payé 10€ en neuf sur amazon.nl à l’instant – le petit format à 5€ semble être de piètre qualité) et le Oxford Beginner’s Japanese Dictionary (ISBN 978-0199298525 – également 10€ sur amazon.de)

    J’ai également commandé l’Assimil Dictionnaire français-japonais / japonais-français (16€ sur amazon.nl à l’instant) mais je ne sais pas quand il sera réapprovisionné (l’éditeur m’a dit “jamais” mais Amazon semble encore pouvoir s’en procurer – ils me l’ont confirmé par mail)

    A l’époque j’avais le Petit Fujy Diko que j’aimais beaucoup car très pratique (petit, mimi et contenant les mots d’usage idéal en somme pour faire du tourisme). Je vous trouve un peu dur concernant ce dictionnaire, je pense que les auteurs ont fait un beau travail mais il ne faut pas le comparer avec un dictionnaire d’étude qui a sa place sur un bureau. C’est un peu comme mon mini dico Larousse français-polonais de 70.000 mots et expressions que je garde toujours sur moi, comparé à mon Wielki slownik polsko-angielski PWN Oxford de 500.000 mots et expressions (rien que dans le sens PL-EN. Il y en a un autre EN-PL de 500.000 mots et expressions également soit un total de 1.000.000 de mots et expressions ; l’équivalent du gros Larousse FR-EN/EN-FR). La finalité de ces deux types de dictionnaires n’est pas la même. Vous devriez en tenir compte dans votre comparatif. D’ailleurs si vous connaissez un dictionnaire (encore commercialisé) JP-EN/EN-JP de 1.000.000 de mots et expressions pouvez-vous m’indiquer la référence ?

    Ce que je reproche au Petit Fujy Diko (apparemment plus édité mais on le trouve encore sur le site unitheque.com) c’est son prix vraiment excessif (35€ pour un mini dico de 15.000 mots… c’est de l’abus) Donc je ne le rachèterai plus et j’espère plutot arriver rapidement à me procurer le dico Assimil (je me demande d’ailleurs pourquoi ils ne le commercialisent plus car c’était une référence des dico JP-FR).

    Simon

    1. Merci pour votre commentaire Simon !

      Concernant le Random House, j’en ai également un volume dans mon dictionnaire électronique, mais il n’a que le sens anglais-japonais que je n’ai jamais vraiment utilisé du coup (car c’est assez rare que je fasse une recherche depuis l’anglais). C’est la plus grosse version qui fait 345 000 entrées : https://japanknowledge.com/en/contents/randomhouse/

      Pour ce qui est de l’Assimil, ce n’est pas vraiment étonnant qu’il ne soit plus imprimé : c’est devenu compliqué de vendre des dictionnaires papier, la plupart des personnes se tournent vers le numérique. Moi-même, je n’ai pas tellement envie de revenir en arrière oO

      Pour le Petit Fuky Diko : effectivement, il faudrait prendre en compte qu’il n’a été réalisé que par deux personnes (un Français et sa femme) même s’il y a eu apparemment la collaboration de certaines personnes (dont Kunio Kuwae pour n’en citer qu’un).
      J’entends qu’il ait pu dépanner car oui, il est suffisamment fourni lorsqu’on fait du tourisme.

      Mais ce que je lui reproche principalement (en plus de la forme discutable romaji/kanji), c’est l’absence de méthodologie qui lui fait plus ressembler à une liste de mots classés dans l’ordre alphabétique avec des traductions qu’à un vrai dictionnaire. Cela passe pour les mots explicites qui n’ont qu’une seule interprétation ou presque (“poignard” ou “pneumonie” par exemple), mais dès qu’on passe à un terme polysémique (comme “poids”), c’est trop aléatoire.

      Pour rester sur la page que j’ai mis en exemple, il y a poignée qui pose problème aussi. On a donc “hitonigiri (一握り) ; ~de main akushu (握手)”. Qu’est-ce qui nous dit ici que le débutant va interpréter le premier mot de la bonne façon ? Il peut très bien se dire “ah comme le second terme concerne la main, le premier doit certainement concerner la poignée de porte ou de valise”. Perdu, c’était totte (取っ手).

      On a donc l’impression que les auteurs ont fait ce dico pour eux-mêmes, un peu comme des notes personnelles (= pense bête) faites par un étudiant. Ce n’est donc pas vraiment adapté à un touriste (fort risque de confusion), ni pour un débutant qui ne connaît pas encore ses kanjis et qui aura aussi du mal à faire la part des choses. C’est sûr que la structure même du japonais écrit (hiraganas/katakanas/kanjis) ne facilite pas les choses, il n’empêche qu’on doit en attendre davantage d’un dictionnaire selon moi. Surtout à ce prix, comme vous l’avez souligné.

      Enfin quoi qu’il en soit, l’intérêt de ce type de ce type de dico est absolument nul aujourd’hui avec l’apparition des applications gratuites sur smartphone qui font bien mieux. Car même si la présentation des différentes traductions est parfois perfectible comme ce dico, il y a les phrases d’exemple pour lever les doute vu qu’on nous donne un contexte. Mais mon propos était plutôt de rappeler que déjà à sa sortie en 1988 (oui, c’est vieux !), le Petit Fujy était mal pensé.

  3. Bonjour,
    Je ne sais pas de quand date cet article mais je vois que le premier commentaire date de fin mai 2022, il n’est donc pas très vieux.
    À propos du Petit Royal, j’ai acheté l’application プチ・ロワイヤル仏和(第5版)・和仏(第3版)辞典 [Dictionnaire Petit Royal français-japonais (5e édition)/japonais-français (3e édition)] de LogoVista et je l’ai testé en utilisant votre protocole. Test réussi ! Heureusement parce qu’il n’est pas donné.
    Merci pour cet article, sans lui, je n’aurais jamais entendu parler de ce dictionnaire.
    Bonne continuation !

    1. Bonjour,

      Ce guide a été publié une première fois en 2019 (cela ne me rajeunit pas tiens…), mais je l’ai mis à jour plusieurs fois. Merci pour votre commentaire en tout cas, ça fait toujours plaisir à lire ! 😉

      Guilhem

      1. Merci.
        J’ai choisi ce dictionnaire car j’ai la faiblesse de croire qu’étant destiné à des étudiants étrangers, il est plus précis.
        J’ai utilisé un outil de traduction automatique pour me dépatouiller des différents réglages ; après, le champ de recherche ressemble à tous les champs de recherche.
        Le seul reproche que je lui fais c’est que les mots japonais ne sont pas décrits (nom, adverbe, pronom etc.) mais j’ai encore beaucoup de choses à découvrir.
        En images, le mot poids en japonais et en français :
        https://i.postimg.cc/T39Vp6hT/Petit-Royal-tests-02.jpg
        https://i.postimg.cc/dV4CJjS1/Petit-Royal-tests-03.jpg
        Bon dimanche !

        1. Alors ces dictionnaires Royal/Petit Royal édités au Japon sont en réalité destinés à des locuteurs Japonais souhaitant apprendre le français.
          C’est pourquoi il y a des indications minimales sur les termes japonais puisque les natifs sont censés les maîtriser.

          C’est aussi une des raisons pour lesquelles je n’avais pas décrit ces dictionnaires dans ce comparatif qui était plutôt pensé à la base pour les dicos papier commercialisés en France pour un public francophone. Je l’ai mentionné à la fin du test sur le test du Concorde français-japonais.

          J’ai quand même fait un test des Royal par la suite puisqu’on les retrouve dans les dictionnaires électroniques. Ici : https://www.kotoba.fr/comparatifs-et-critiques-sur-kotoba/dictionnaires-de-japonais/guide-dictionnaire-electronique-japonais-francais/

          En tout cas, le format numérique est bien plus confortable même si je n’ai encore jamais testé de manière approfondie sur un smartphone.

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